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qui pouvait conduire à la fortune. » Ainsi parle un des écrivains dont l’ardent dévoûment à la cause royaliste ne peut être contesté.

La religion servant à l’avancement des fonctionnaires, quel texte pour les déclamations des partis ! Jamais elles ne furent plus violentes ; les uns signalaient avec passion au pays, susceptible et inquiet à l’excès, les périls dont la société moderne était menacée par un pouvoir occulte qui débordait les véritables pouvoirs constitués dans l’état. Les autres s’élevaient avec une ardeur non moins vive contre ce qu’ils appelaient l’impunité accordée à la propagation des doctrines irréligieuses.

Ce fut pour le barreau une étonnante période de popularité. L’opinion publique, pendant ces années extraordinaires, fut conduite par des avocats ; même sous la monarchie de juillet, ils n’atteignirent pas à ce degré d’influence politique, tant ils correspondaient alors aux instincts et aux méfiances, aux colères et aux froissemens de la bourgeoisie française.

La célébration du jubilé annoncée par un mandement de l’archevêque de Paris, qui s’élevait contre les doctrines pestilentielles, n’avait fait qu’accroître le mécontentement général. Charles X, fidèle à ses convictions religieuses, avait cru devoir, à la suite d’un nombreux clergé, parcourir solennellement les rues de Paris. Ce tact qui consiste à ne pas confondre l’homme et le souverain, il ne l’avait pas eu. « Nous suivions le roi, a écrit plus tard M. de Villèle, et pouvions bien en juger. On aurait lu dans tous les yeux que la population souffrait de voir son roi suivre humblement les prêtres. Il y avait moins d’irréligion que de jalousie et d’animosité contre le rôle que jouait le clergé. »

Cette impression produite sur des générations élevées par la révolution, en ayant gardé, malgré l’empire, le souffle et l’empreinte, tous les contemporains l’ont constaté.

« On ne veut aujourd’hui que des hypocrites, écrivit à son tour le duc de Doudeauville ; les soldats sont envoyés par ordre faire le jubilé. N’est-ce pas une absurdité ? Si ce n’était que cela ? La cérémonie d’aujourd’hui m’afflige... »

Tous les moyens employés étaient directement contraires au but qu’on poursuivait. Les nominations de Mgr Latil et de M. de Clermont-Tonnerre, comme ministres d’état et membres du conseil privé après un mandement que le ministère lui-même avait blâmé, étaient aux yeux mêmes des royalistes des fautes irréparables. Les résistances provoquées étaient à la veille de se transformer en attaque.

Au-dessus des faits il y avait aussi une doctrine, et à cette date des années 1825 et 1826, cette doctrine était représentée par un écrivain de premier ordre, d’une opiniâtreté égale à son ignorance des hommes et des choses humaines. C’est la raison d’être de ces esprits