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deux frégates à cette expédition. Il importait donc que ce double mouvement trouvât dans les provinces méridionales une complicité et un appui, et que le camp de Jalès, où venaient aboutir les grands projets conçus à Arles, à Mende et à Perpignan, fût organisé pour prêter la main à l’invasion.

La nouvelle de ce qui se préparait, quoique tenue secrète, ne tarda pas à transpirer dans les cercles militaires de Coblentz. Elle excita les esprits, provoqua des dévoûmens. Des officiers se présentèrent en foule, offrant leur vie pour cette entreprise. Les princes n’eurent que l’embarras du choix. Le 4 mars, ils remirent à Dominique Allier leur réponse au comité de Jalès. Cette réponse désignait comme commandant en chef de l’armée royale du Midi le comte Thomas de Connway, maréchal de camp, Irlandais d’origine au service de la France, ancien gouverneur des établissemens français de l’Inde. M. de Connway était muni de pleins pouvoirs pour ordonner et diriger les opérations qu’il jugerait possibles, pour répondre au nom des princes, et jusqu’à concurrence de 300,000 liv. de toutes les dépenses nécessitées par l’expédition. Son commandement comprenait le camp de Jalès et la ville d’Arles.

Le comte de Saillans, originaire du Vivarais, lieutenant-colonel des chasseurs du Roussillon, émigré et décrété d’accusation à la suite du complot avorté de Perpignan, dont il avait été l’instigateur, lui était adjoint comme commandant en second. Il devait plus spécialement opérer dans l’Ardèche et la Lozère et n’y rien faire d’ailleurs qu’après s’être mis en rapport avec le chevalier de Borel, chef des royalistes de Mende, et en avoir rendu compte au général en chef.

Divers officiers de grade inférieur, MM. de Portails, le chevalier Isidore de Melon, le vicomte de Blou, MM. de Montfort, de Sainte-Croix et de Roux de Saint-Victor, étaient autorisés à partir avec lui. D’autres devaient suivre, notamment le général comte d’Autichamp, que de nouveaux ordres envoyèrent ultérieurement dans l’Ouest. Enfin, promesse était faite qu’un prince du sang allait partir pour l’Espagne, d’où il reviendrait se mettre à la tête de toutes les opérations du Midi. Les mêmes ordres confiaient à M. Pérochon, habitant de l’Ardèche, ex-procureur à Saint-Ambroix, connu des princes et recommandé par l’abbé Claude Allier, l’intendance générale de l’armée.

Le comte de Connway remettait en outre au comte de Saillans, au moment où celui-ci se préparait à quitter Coblentz, des instructions détaillées lui enjoignant l’économie, les précautions, la prudence, une organisation solide et rapide des forces qu’il s’agissait de mettre en mouvement : « Il modérera, était-il dit dans ces