provoquée par l’imprudence d’une poignée d’exaltés qui voulurent ravir aux royalistes du Vivarais l’honneur de donner le signal de l’insurrection, Leur légèreté les perdit. Elle prépara la défaite de ceux qui tentèrent ultérieurement de réparer leur désastre.
Il semble que l’exemple de Mende aurait dû servir de leçon aux autres villes engagées dans la conspiration. C’est cependant le contraire qui arriva. A quelques semaines de là, une importante commune de la Haute-Loire, Yssengeaux, se soulevait à son tour et sans ordres, sans plans d’ensemble, se laissait entraîner aux excès de la guerre civile. Comme les départemens de la Lozère et de l’Ardèche, celui de la Haute-Loire est un pays montagneux propice à des soulèvemens. Il offrait aux conspirateurs des asiles sûrs des retraites inaccessibles. Placée sur la route de Mende au Puy, Yssengeaux était un des points où les insurgés venus de divers côtés pouvaient le plus aisément se rallier et où il eût été le plus difficile de les poursuivre. Comme dans la plupart des localités du Midi, les contre-révolutionnaires appartenaient aux classes populaires, avaient à leur tête quelques gentilshommes et trouvaient naturellement des alliés dans cette masse de prêtres qui refusaient énergiquement de se soumettre à la constitution civile du clergé Parmi ces gentilshommes, ceux que les documens officiels permettent de citer étaient MM. de Choumouroux, Desbreux de Mézères, de la Roche-Vaunac ; parmi les prêtres l’abbé Pipet chef incontesté du clergé réfractaire.
Vers la fin de 1791, par opposition au culte constitutionnel, une église privée s’ouvrit sous le patronage de la municipalité, notoirement royaliste. Elle s’installa tant bien que mal dans une vieille écurie. Là, tous les jours, une vingtaine de prêtres non assermentés célébraient les offices. Le maire, les membres du conseil, le juge de paix, les officiers de la garde nationale, s’y rendaient avec ostentation. Le culte proscrit eut ouvertement plus de six mille fidèles ; il n’en resta pas mille au curé constitutionnel. La maison de Choumouroux, riche, puissante, vénérée dans la contrée, ouvrit ses salons à tous les contre-révolutionnaires, à quelque condition qu’ils appartinssent. Le mouvement insurrectionnel se prépara dans ces conciliabules, que ceux qui s’y rendaient ne prenaient pas même soin de tenir cachés. Ils s’excitaient au récit des événemens qui se déroulaient à Paris ; ils calculaient les chances de l’émigration, appelaient de leurs vœux une invasion étrangère qui restaurerait l’ancien régime.
Quand, vers la fin de 1792, arriva de Coblentz la nouvelle que les princes avaient désigné deux officiers de mérite pour se mettre à la tête des royalistes du Midi, ils crurent qu’ils n’avaient qu’à se