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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/915

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comme nous l’avons indiqué, une histoire, une littérature et un langage à eux. Ils se sont si bien assimilés aux Chinois qu’ils en ont pris aujourd’hui les coutumes, le langage et les femmes. Toutefois ils sont restés fervens musulmans. Ils vivent eux aussi sur la rive droite de l’Ili entre Kouldja et Mazor. Les Siboes ou Sebes sont le résultat d’unions entre Kalmouks et femmes chinoises. Ils furent conduits également au district de Kouldja par les Chinois en qualité de colons militaires. Ils ont leur résidence sur la rive gauche de l’Ili. Les Torgouts et les Kalmouks errent dans les vallées baignées par les rivières Koungesse, Tekesse et Kash, mais, en dehors du district, aux environs de Karashaar. Ils ont de nombreux troupeaux et forment d’excellens chevaux; en temps de guerre, le gouvernement chinois les utilise comme éclaireurs. Les Kalmouks représentent le type pur du vrai Mongol; on croit que ce sont les seuls descendans des premiers habitans de la Dzungarie. Ils sont bouddhistes et détestent cordialement les musulmans, par lesquels beaucoup des leurs furent égorgés quand Dounganes et Kirghises s’entretuaient.

Dans les hautes vallées de l’Ili, sur les pentes fertiles des monts Borokhoro, et dans les hauteurs qui séparent la Tekesse de l’Ili, existent d’autres tribus nomades, des Kirghises, d’origine turco-tartare. Il y a aussi des Kara-Kirghises qui, dans l’été, viennent de Semirechia pour faire paître leurs troupeaux près des sources de la Tekesse. Ils ont une grande ressemblance avec les Kalmouks, mais ils parlent un dialecte différent, celui de Jagataï. Les Solons et les Daours sont aussi de race mongole et bouddhistes. Comme toujours, les Chinois que l’on trouve au Kouldja, — en général de basse extraction, car beaucoup d’entre eux sont des criminels déportés, — ont en leurs mains le commerce des villes. Enfin, les Sartes proviennent du Tashkend et du Rho-Kaur. Ils font aussi du commerce, mais d’une façon misérable; il ne leur reste à prendre que ce que les fils de Confucius leur permettent de glaner, c’est-à-dire peu de chose quand on passe après eux.


IV.

C’est quelque temps après la mort mystérieuse de Yacoub-Khan, le sultan de Kashgar, que la Chine songea à réclamer à la Russie la restitution du Kouldja. A cet effet, elle envoya en Europe celui de ses sujets qu’elle croyait le plus habile à négocier cette affaire, bien simple pourtant en apparence, le censeur Chung-How.

Nous eûmes l’occasion de voir cette excellence chinoise à son passage à Paris, ainsi que son personnel de conseillers et de secrétaires.