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LA
MORALE CONTEMPORAINE
EN ALLEMAGNE

I. Schopenhauer, les Fondemens de la morale, trad. par M. A. Burdeau; Essai sur le libre arbitre, trad. par M. Salomon Reinach; Aphorismes sur la sagesse dans la vie, traduits par M. J.-A. Cantacuzène,1880. — II. Ed. de Hartmann, Phœnomenologie des sittlichen Bewusstseins, Prolegomena zu jeder künftigen Ethik (Phénoménologie de la conscience morale, prolégomènes à toute morale future) ; Berlin,1879.

En Allemagne comme en Angleterre, l’idée de l’universelle évolution a envahi et transformé la morale ; mais l’école darwinienne, en faveur surtout auprès des savans, n’y a point produit de systèmes assez originaux en morale pour mériter un examen spécial. Nous ne trouvons pas non plus d’élémens à la fois très nouveaux et importans dans la morale naturaliste de Dühring, adversaire inattendu du darwinisme, ni même dans celle de Czolbe, qui s’est inspiré surtout de Feuerbach. Quant au néo-kantien Lange, le large et pénétrant historien du matérialisme, il n’a donné que des vues très générales et encore vagues sur l’idéal moral et religieux, qui se confond pour lui avec l’idéal poétique. L’école spiritualiste d’Ulrici et d’Hermann Fichte s’en est tenue à la morale traditionnelle et à une religiosité mystique, qui va jusqu’à la croyance au spiritisme. L’école de Schopenhauer, qui a conservé un grand nombre de partisans parmi les philosophes et produit en morale des théories vraiment curieuses, nous semble mériter un examen