de ses ventes de sarmens ou de plants, et de l’autre, elle peut, en se mettant vendeur, atténuer ses dépenses comme acheteur.
Revenons au jeune plant devenu fort, muni de belles racines. Il passé à la serre tempérée ou à la pépinière, selon sa force et la saison. Les plus forts sont vendus le premier hiver, la seconde qualité est employée sur la propriété ou vendue à deux ans, car, en Amérique, on ne partage pas les préventions françaises contre le plant de cet âge[1].
Dans une prochaine étude, nous verrons combien cette question sera capitale en France, car c’est derrière elle que s’abrite et se cache l’obstacle à la vulgarisation des variétés à produits directs. Il se prépare en Amérique des quantités de ces variétés, grâce aux patiens travaux de quelques savans viticulteurs ; il sera désirable de les multiplier rapidement ; exemple les estivalis à gros grains créés par M. Jaeger ; le neosho créé par M. Muench, qui, à l’âge de quatre-vingt et un ans, le suit avec intérêt et cherche à trouver mieux encore.
Ce qui frappe dans la viticulture américaine, c’est qu’elle n’est ni aidée, ni gênée par la tradition ; ses théories sont scientifiquement suivies et raisonnées par des gens compétens et intéressés, tandis qu’en Europe la tradition domine la viticulture et arrête ses progrès par la prépondérance du vigneron ignorant sur l’homme instruit, mais inexpérimenté, qui soumet son jugement à l’ouvrier par crainte de mal appliquer ce qu’il sait.
L’économie de main-d’œuvre aux États-Unis est assez inégale ; on y met utilement la charrue dans les pépinières et les jardins maraîchers ; tandis que les vignes se font à grands frais de treillage, travaux manuels, etc. Faisons exception pour la Californie, où, au contraire, on fait de la grande culture dans la plus large acception du mot. Le père[2] du président[3] de la société viticole de San-Francisco a fait, il y a quelques années, une étude intelligente et fructueuse des vignobles de l’est de la France et du Rhin. Grâce à lui, son pays a fait un pas énorme, et je vois que les port, claret, riessling, zinfandel occupent la première place avec les eaux-de-vie dans la production californienne.
Les états du Nord et de l’Est produisent de très mauvais vins, non-seulement mauvais, mais bizarres ; les Américains sont habitués à ce goût foxé et l’acceptent. La production des labrusca est si grande que, si le phylloxéra ne les détruit pas, la classe ouvrière y trouvera une boisson saine et peu chère. Les vins du Sud,