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I.

L’Algérie, unie au Maroc et à la Tunisie, constitue au nord-ouest du continent africain un même massif montagneux séparé du Sahara par des frontières géographiques nettement tranchées.

Dans l’ensemble de l’Algérie, ce massif présente la coupe assez uniforme d’un prisme tronqué dont la base supérieure serait évidée en cuvettes habituellement sans issues vers la mer, présentant, par suite, quatre versans distincts. Le versant méditerranéen, au nord, est composé de plaines fertiles, de riches vallées, analogues par leurs conditions de climat et de productions végétales à nos provinces similaires de la basse Provence et du Roussillon. Les deux versans intermédiaires écoulent en général leurs eaux intermittentes dans les bas-fonds marécageux des cuvettes intérieures, dont l’altitude varie de 400 à 800 mètres. Le versant du sud ou saharien, enfin, est découpé par de nombreuses vallées normales à la direction générale du massif. Celles de la province d’Oran se continuent directement vers le sud jusqu’à la rencontre des dunes de sables qui interceptent leurs cours. Les affluens des provinces d’Alger et de Constantine se concentrent, au contraire, dans une grande artère centrale, l’Oued-Djédi, qui se dirige de l’ouest à l’est parallèlement à la côte et se prolonge jusqu’au voisinage de Gabès par un long chapelet de marais desséchés dans lesquels on a cru voir, sans motifs bien sérieux, les vestiges d’une mer intérieure qui, aux premiers temps de notre époque géologique, aurait été en communication directe avec la Méditerranée. Ce chapelet de lacs desséchés, de chotts, forme aujourd’hui la limite de la Tunisie qui ne s’étend pas au-delà dans la direction du désert. Il est donc assez naturel de considérer l’O.-Djédi, qui le prolonge vers l’ouest, comme la frontière politique du Sahara ; mais sa frontière géographique devrait être plus naturellement reportée à la ligne de faîte qui domine les affluens de gauche de cette vallée.

Ainsi limité vers le nord, le Sahara algérien pourrait être considéré comme embrassant, en sus des vallées de la province d’Oran, l’entier bassin de la mer intérieure des chotts, dans laquelle convergent en même temps que l’O.-Djédi deux autres grandes vallées presque parallèles venant du sud : l’Igharghar, qui ramifie ses sources dans un massif montagneux, le Djebel-Hogghar, vaste formation de plateaux élevés, couronnés par des cimes qui doivent atteindre une altitude de près de 3,000 mètres, s’étendant au centre du Sahara jusque vers le 26e parallèle, et l’O.-Mia (les cent rivières), dont les nombreux affluens prennent leur source dans