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l’orge arrosé avec l’excédent des eaux d’hiver. Les cultures d’entretien et l’arrosage seraient confiées, suivant l’usage, à des colons paiîtiaires.qui prélèvent moitié de l’orge et 1 sixième seulement des dattes.

Dans ces conditions, quand la plantation serait arrivée à l’état complet de rapport, elle pourrait donner 150,000 kilogrammes de dattes d’une valeur brute de 30,000 francs, laissant au propriétaire un revenu net de 24,000 francs, supérieur aux frais de premier établissement. Cette perspective est assez séduisante pour avoir déjà tenté quelques capitalistes, qui, sur les conseils de M. Jus, ont commencé l’installation de plusieurs plantations aux environs d’Ourlana, dans le centre de I’O.-Rir, et il n’est pas douteux que de pareils établissemens ne tarderaient pas à se multiplier si l’ouverture d’un chemin de fer permettait au propriétaire d’exporter facilement ses produits et de surveiller par lui-même ses plantations, tout au moins au moment de la récolte. Sauf l’époque des grandes chaleurs de l’été, pendant lesquelles il faudrait pouvoir quitter un pays devenu malsain, le climat du Sahara est des puis salubres, et le séjour ne peut en être que favorable aux Européens. L’exemple des dernières explorations envoyées par le ministre des travaux publics, dont le personnel n’a pas compté un seul malade pendant un voyage de plusieurs mois, ne saurait laisser subsister de doute à cet égard.

Si les Européens n’ont rien à redouter du climat et de la température, aisément supportable du mois d’octobre au mois de juin, ils éprouveraient cependant une difficulté réelle à s’accoutumer à consommer des eaux contenant rarement moins de 4 grammes de sel par litre.

Les indigènes seuls peuvent en faire leur boisson habituelle, et encore n’est-ce pas sans inconvénient pour eux ; car il est assez naturel d’attribuer à cette cause différentes maladies inhérentes au pays, telles que le furoncle connu sous le nom de clou de Biskra. Une des plus grandes améliorations hygiéniques à apporter au régime des populations habitant les régions à palmiers du Sahara algérien serait de leur assurer un approvisionnement d’eaux réellement potables qu’il serait assez difficile de se procurer en recourant aux sources naturelles, qui ont presque toutes la même origine et le même degré de salure. Comme il ne s’agirait toutefois que de l’eau nécessaire à la boisson et à la cuisson des aliment qui ne dépasse pas une moyenne de 3 litres par tête, et par jour, il ne paraîtrait pas impossible de soumettre à une distillation préalable la faible quantité de liquide réclamé par un usage aussi restreint.

Peut-être pourrait-on essayer d’utiliser à cet effet la radiation solaire, plus particulièrement intense sous le climat sec et le ciel