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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/415

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était fixe et circulaire. Ce sont là des détails pratiques qui pourraient être probablement résolus sans entraîner des dépenses hors de proportion avec les résultats qu’on devrait en attendre.

Chaque mètre superficiel pouvant évaporer annuellement dans le Sahara 3 à 4 mètres d’eau à l’air libre, soit 8 à 10 litres par jour, il suffirait d’utiliser le tiers de cette force en vase clos, pour suffire aux besoins domestiques d’un habitant. Ainsi disposées, les toitures d’un pays où il ne pleut pas serviraient à rectifier et à rendre potables les eaux saumâtres dans des conditions analogues à celles où elles sont utilisées dans nos pays pour recueillir les eaux pluviales des citernes. Dans quelques cas particuliers, lorsqu’on voudrait épurer d’un seul coup toute l’eau nécessaire aux besoins d’un groupe un peu important de population, dans un hôpital, une caserne, ces appareils pourraient être assez compliqués et entraîner une dépense notable ; mais dans le plus grand nombre de cas, réduits aux proportions que pourrait exiger l’alimentation d’une seule famille, ils seraient d’une installation des plus simples, à laquelle se prêterait parfaitement l’usage habituel des toitures en terrasses qui recouvrent la plupart des habitations du Sahara. Un miroir de 8 à 10 mètres de superficie, avec tous ses accessoires, pouvant suffire à la consommation de huit à dix personnes, ne paraîtrait pas de voir coûter plus de 350 à 400 francs et ne réclamerait que peu de frais annuels d’entretien ou de fonctionnement.

Si l’expérience confirmait mes prévisions, l’usage des appareils distillatoires à radiation solaire ne devrait pas tarder à se généraliser dans le Sahara ; mais la solution que j’indique serait-elle après essai reconnue inadmissible, qu’il resterait encore la ressource de recourir aux combustibles ordinaires, ce qui ne saurait entraîner une dépense beaucoup plus grande, car, pour une consommation annuelle de 1,000 litres environ par habitant, elle n’exigerait pas la consommation annuelle de plus de 100 kilogrammes de charbon d’une valeur de 3 à 4 francs.

On objectera peut-être que l’eau distillée ne constituerait pas par elle-même le type de la meilleure boisson. Quelques précautions seraient sans doute nécessaires pour l’aérer par un battage. Peut-être même faudrait-il l’additionner de certains sels minéraux nécessaires à l’action des fonctions digestives qui se trouvent dans les eaux de source naturelles. Il serait en outre utile, sinon indispensable au point de vue des exigences d’une civilisation plus raffinée, de propager l’emploi des appareils frigorifiques qui rendraient de si grands services dans les pays chauds, et il y aurait à rechercher si les deux opérations ne pourraient pas se faire en même temps, si la même usine ne pourrait pas à la fois distiller l’eau saumâtre et la condenser directement en tout ou partie à l’état de glace.