que le recensement quinquennal de la population, qui sera opéré en 1881, indiquera probablement une augmentation qui portera le nombre des habitans sensiblement au dessus de deux millions ; de sorte que, si on se reporte à la dernière année de l’empire, on reste dans la vérité en disant que, depuis douze ans, la misère n’a ni augmenté ni diminué dans Paris par rapport à la population et qu’elle demeure à l’état stationnaire. Je le regrette sincèrement pour ceux qui, en politique, aiment à tirer argument de tout, mais en soi-même je ne saurais parvenir à m’en affliger.
Quelle est maintenant la conclusion que, de ce fait, tout local et partiel, il est vrai, on serait en droit de tirer, dans la grande querelle qui s’agite entre les optimistes et les pessimistes de l’économie politique ? Il me semble que ce fait ne vient à l’appui ni des uns ni des autres. Nous assistons, en effet, depuis dix ans à un développement prodigieux de la prospérité publique. La passion que la politique introduit dans toutes les questions peut seule mettre en doute cette réalité dans un pays où les impôts de consommation donnent des plus-values qui dépassent toute prévision, où le montant des dépôts faits aux caisses d’épargne s’accroît d’année en année, où les chemins de fer sont encombrés des produits qu’ils ont à transporter au point de pouvoir à peine suffire aux exigences de leur trafic, où les valeurs de placement les plus sérieuses se capitalisent à des taux qui relèguent au rang des souvenirs l’intérêt classique de 5 pour 100. Ceux-là même qui ont mis à contester cette prospérité une honorable ardeur en sont réduits à dire aujourd’hui qu’elle est trompeuse, ce qui est parfaitement vrai, comme il est vrai aussi qu’ici-bas tout est vanité. Cette augmentation de la richesse publique est sans doute générale par toute la France, mais en présence des souffrances non moins incontestables de l’agriculture dans certains départemens plus particulièrement éprouvés par les mauvaises récoltes ou par le phylloxéra, on peut affirmer que ce sont les grandes villes qui en ont pris la meilleure part, et Paris en particulier. Ce résultat est attesté à Paris par des faits caractéristiques ; la hausse du prix des terrains, l’élévation des loyers et l’augmentation des produits de l’octroi coïncidant (car c’est là une vérification qu’il faut toujours faire) avec l’augmentation des dépôts à la caisse d’épargne qui, d’une année à l’autre, se sont élevés de 10 millions. Or cette augmentation de la richesse publique a été sans influence aucune, dans un sens ou dans l’autre, sur le paupérisme, qui n’a ni augmenté ni diminué. Il n’y aurait donc heureusement rien de vrai dans cette triste formule : Les riches deviennent chaque jour plus riches et les pauvres chaque jour plus pauvres, puisque le développement de la richesse à Paris n’a point amené un accroissement proportionnel du paupérisme. Mais, par