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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/861

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à tant de détresse, en mettant 200,000 francs à la disposition du ministre de l’intérieur « pour donner des secours aux professeurs des collèges et des universités qui avaient perdu leurs revenus par la suppression des dîmes et des octrois. » Ce maigre crédit devait être et fut presque aussitôt absorbé que voté.

Mais ce n’est pas seulement dans leurs revenus que la constituante atteignit les maisons d’éducation. Il lui était réservé de les frapper plus gravement encore par un acte qui porte un nom fameux dans l’histoire : la constitution civile du clergé du 12-26 juillet 1790. Déjà, à ce moment, le clergé avait cessé, non-seulement de former un ordre à part dans l’état, mais encore d’être propriétaire. Ses biens avaient été mis à la disposition de la nation par le décret du 2 novembre 1789 ; ses couvens avaient été réduits à un seul du même ordre dans chaque municipalité (5 février 1790). Enfin, l’émission des vœux monastiques elle-même avait été suspendue (28 octobre 1789). La constitution civile du clergé acheva de porter le trouble dans l’église. Introduire le principe électif dans l’organisation ecclésiastique et substituer l’institution métropolitaine à l’institution pontificale, c’était renverser de fond en comble la hiérarchie établie, usurper sur le domaine spirituel, provoquer avec Rome un conflit sans autre issue possible qu’un schisme bientôt suivi d’une guerre religieuse. C’était jeter l’église, si nationale au début, dans les bras de la contre-révolution et de l’étranger. Aucune mesure enfin ne pouvait être plus impolitique et n’eut de plus funestes conséquences à tous les points de vue, même à celui des écoles. En effet, l’ancienne organisation des études était trop intimement liée à celle de l’église, elles avaient des rapports trop étroits pour que l’anarchie pût se mettre dans celle-ci sans que l’autre en ressentit immédiatement les effets. Quand le corps était malade, comment les membres n’auraient-ils pas souffert ? Or, on l’a vu, les membres du corps enseignant, à l’époque de la révolution, relevaient pour la plupart de l’église, soit qu’ils appartinssent à quelque corporation, soit qu’ils fussent simplement prêtres. La constitution imposée par l’assemblée nationale au clergé les opprimait donc au même titre que les évêques et les curés ; pour eux, comme pour les autres, l’iniquité, le sacrilège étaient les mêmes. D’autant que l’obligation du serment ne devait pas leur être longtemps épargnée. La constitution civile ne l’avait d’abord exigé que des archevêques, évêques et curés 4 un décret subséquent du 22 mars 1791, bientôt aggravé par un autre décret du 15-17 avril suivant, y ajouta les agrégés et en général tous les individus en fonction dans les établissemens appartenant à l’instruction publique. » Ainsi, de l’église, la persécution s’étendait à l’école ; et comme si ce n’était pas assez des évêques et des curés