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vignes de 1802 en terre usée ont péri les dernières. Le point d’attaque du clos d’aramons était caractérisé par un centre mort, une zone souffreteuse, entourée elle-même d’un cercle jaunissant et dont les sarmens raccourcis se dressaient en épée au lieu de s’allonger en arceaux, cette dernière zone se confondant insensiblement avec la luxuriante végétation du restant de la vigne. 20 morts, 100 malades, 300 souffreteux, 35,000 belles souches, voilà le bilan du clos d’aramons en 1872.

Les souches mortes furent remplacées en 1873 par des clintons, que la Société d’agriculture du Gard distribuait alors pour la première fois. Ces clintons, toujours chétifs, sont actuellement dépassés par les taylors, jacquez et herbemonts, plantés en 1876 et 1878, qui les entourent. Quelques survivans de cette tache furent traités trop vigoureusement en juin 1872 par un composé de sulfure de carbone fourni par M. Fichet. Le lendemain, ces souches étaient mortes, moins une, qui, mourante du phylloxéra, brûlée, mais débarrassée de l’ennemi par l’insecticide, a survécu quelques années et a produit deux grappes avant de mourir. Un nouvel essai, fait en juillet, donna en apparence de si bons résultats que le traitement fut appliqué en grand en 1872 et 1873 : 1° sur une vigne peu malade, sol moyen ; 2° sur une vigoureuse vigne de coteau âgée de dix ans, et enfin ; 3° dans le clos d’aramons. Le résultat sembla bon partout, mais ne fut pas durable. En mars et avril 1874, M. Fichet me fournit un nouvel insecticide ne contenant pas de sulfure de carbones. Ce produit fut employé largement en 1874 dans le clos d’aramons, dont le revenu était très considérable. La dépense fut calculée dans les autres clos de manière à ne pas excéder le revenu probable. L’inverse eût réussi, car en terre pauvre et poreuse, les traitemens doivent être plus fréquens et plus complets que dans les sols riches qui facilitent la dispersion sans favoriser l’évaporation de l’insecticide. En 1875, je concentrai mes efforts sur le clos d’aramons et abandonnai les deux autres clos à leur malheureux sort. Ces essais de traitement par l’insecticide m’ont coûté 15,000 fr., sans compter la main-d’œuvre ; ils ont été heureux dans ce sens que la mortalité s’est bornée aux vingt souches mortes en 1872, — que la production s’est accrue avec l’âge dans une proportion presque normale, — mais surtout en ce que cette prolongation d’existence m’a donné le temps de transformer ce clos en j : icquez, et en herbemont, lorsque j’ai pu voir assez clairement que le traitement prolongeait une existence dont il ne pouvait assurer la durée définitive. En effet, pour conserver la vigne, il tût fallu trois et quatre traitemens par an, qui non-seulement auraient absorbé les revenus, mais, par la main-d’œuvre additionnelle, auraient compliqué l’ensemble de mon exploitation. Une application fréquente