Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/931

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voici deux publications, justement, qui viennent de rappeler l’attention sur l’abbé Galiani. La première est la Correspondance officieuse de Galiani, secrétaire d’ambassade ou chargé d’affaires, avec le marquis Tanucci, son ministre. Elle était jusqu’à ce jour entièrement inédite. C’est sans doute pourquoi M. Bazzoni l’a si mal éditée. Les noms propres français, et même les étrangers, y sont estropiés avec une cruauté qui fait peine[1]. On trouve peu de notes au bas des pages, trop peu de notes, mais des notes, par compensation, bien faites pour surprendre, comme celle où l’éditeur nous apprend qu’en 1760, l’archevêque de Paris s’appelait M. de Péréfixe. M. Bazzoni ne s’est trompé que d’un siècle tout juste. Au surplus, de tous les défauts de la publication de M. Bazzoni, le plus grave, c’est qu’elle est incomplète. Il a choisi les lettres qu’il a crues le plus propres, nous dit-il, à solliciter la curiosité du lecteur. Mais je ne connais que deux moyens de se servir d’une correspondance inédite. Ou bien vous en usez librement pour illustrer la biographie du personnage et vous n’en donnez que des extraits qui viennent à l’appui de la vérité du portrait que vous essayez d’en tracer, et vous faites alors œuvre d’art ; ou bien vous faites œuvre d’érudition pure, et, vous effaçant vous-même de la publication, vous donnez alors la correspondance tout entière. Or il suffit de jeter un coup d’œil sur la courte préface de M. Bazzoni pour soupçonner qu’en s’y prenant de sa manière, intermédiaire et arbitraire, il nous a privés de quelques-unes des lettres qui nous auraient le plus intéressés.

La publication de MM. Lucien Perey et Gaston Maugras est si supérieure de tous points à la publication de M. Bazzoni que je me reprocherais comme une injustice de les mettre en comparaison. C’est ici la correspondance — dirai-je bien connue ? mais au moins bien souvent citée, — de Galiani, redevenu Napolitain, avec ses amis de Paris, Diderot, Grimm, d’Alembert, d’Holbach, et, au premier rang, Mme d’Epinay. Un grand nombre de lettres inédites, un texte revu pour la première fois sur les originaux, des notes instructives, bien choisies, amusantes, et qui font passer l’un après l’autre sous nos yeux tous les personnages de ce monde où vécut Galiani, c’est plus qu’il n’en fallait pour renouveler le sujet. Il n’y a désormais que cette édition de la correspondance de Galiani qui compte. On pourrait bien faire quelques chicanes : on peut toujours, grâce à Dieu, faire quelques chicanes. Je signalerai, par exemple, aux savans éditeurs une notule qui s’est évidemment

  1. Durefort pour Durfort, — Cautades, pour Contactes, — La Charotais pour La Chalotais, — Tenceu pour Tencin, — Pasquinat pour Basquiat, — Bussenbau pour Busenbaum, — Reupin pour Repnin. Faute de lecture ? ou fautes d’impression ? Elles sont à tout le moins bien nombreuses.