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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 45.djvu/961

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électorale, ce ministère n’est peut-être pas absolument certain d’avoir pour longtemps la majorité dont il aurait besoin. La brave et paisible Hollande, bien qu’à l’abri des difficultés graves, n’est point elle-même cependant sans avoir ses affaires de toute sorte, et ses questions financières et ses réformes intérieures, et sa guerre éternelle d’Atchin, et ses élections prochaines.

Voilà près de deux ans que le ministère Van Lynden est au pouvoir, où il représente l’opinion libérale et modérée. Il a pris la direction des affaires à la chute d’un cabinet renversé à propos d’une proposition de réforme constitutionnelle jugée peu nécessaire et peu opportune. Le nouveau ministère avait surtout pour objet ou pour mission d’être un cabinet d’affaires, d’en finir particulièrement avec des discussions prolongées, souvent stériles, sur la question de l’instruction primaire. Cette question ayant été définitivement tranchée par rétablissement des écoles neutres ou mixtes, accessibles à toutes les confessions, il ne restait plus qu’à appliquer le principe, à organiser pratiquement le système, et c’est ce que le nouveau ministre de l’intérieur faisait, il y a quelques mois, en réglant par décision royale tous les moyens d’exécution. L’œuvre n’a pas laissé d’être laborieuse, elle n’a pu s’accomplir sans rencontrer la vive opposition du parti antirévolutionnaire ou protestant orthodoxe, du parti catholique et d’une fraction dissidente des libéraux progressistes, qui ont uni leurs efforts pour empêcher ou retarder l’organisation nouvelle, tantôt par des attaques directes, tantôt à propos du budget. Ce n’est pas sans peine que le ministre de l’intérieur est parvenu à déjouer toutes les oppositions et à se créer une certaine tranquillité du moment. Le ministre des finances, M. Vissering, a été moins heureux que son collègue de l’intérieur dans les chambres. Il n’a pu réussir à enlever le vote d’un impôt sur la rente, avec lequel il comptait comblée le déficit causé par la diminution des ressources coloniales, à la suite de la guerre d’Atchin ; il n’a pas mieux réussi avec une proposition d’émission de billets du trésor, et il s’est décidé à se retirer. La Hollande porte toujours un sérieux intérêt à toutes ces affaires d’instruction primaire, de finances, de développement colonial dans les Indes.

Au milieu de ces préoccupations qui reparaissent sans cesse dans les débats parlementaires, il y a eu cependant, au courant de ces derniers mois, une question d’une nature particulière qui a ému l’opinion et qui aurait pu, dans un pays moins sage, devenir assez délicate pour le chef du cabinet, ministre des affaires étrangères, M. Van Lynden ; cette question, c’est la guerre des Anglais dans le Transvaal. Les colonies du Cap se composent en grande partie, on le sait, de populations d’origine néerlandaise, et tout ce qui se passe dans le Transvaal éveille naturellement les plus vives sympathies parmi les Hollandais de la métropole. Les efforts des Boërs pour conquérir leur indépendance, leurs luttes, leurs