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LE
MUSÉE DE SAINT-GERMAIN

Les Parisiens sont bien heureux : non-seulement il leur est fort aisé de s’amuser quand ils le souhaitent, mais ils ont aussi toute sorte de facilités pour s’instruire. Aux esprits sérieux, réfléchis, laborieux, qui veulent pénétrer au fond des choses, la Bibliothèque nationale ouvre ses trésors ; ils y trouvent les manuscrits les plus précieux et les livres les plus rares : c’est le paradis des savans. Les autres, qui sont, hélas ! les plus nombreux, ceux qui veulent savoir quelque chose sans prendre trop de peine, ou qui ne peuvent donner que peu de temps à l’étude, ayant dirigé leur vie d’un autre côté, ont peut être plus de chance encore. Il n’y a pas de ville où l’on puisse apprendre plus vite qu’à Paris, avec moins d’efforts, presque sans qu’on s’en doute. Les distractions même y sont instructives. Si l’on veut visiter en quelques heures deux ou trois civilisations éteintes et s’en donner rapidement le spectacle, qu’on entre au Louvre un jour d’hiver, quand on n’a rien de mieux à faire. Une promenade dans ces longues galeries pleines de chefs-d’œuvre donnera une idée de l’Égypte, de l’Assyrie, et fera entrevoir la Grèce à des gens qui n’ont pas entendu parler d’hiéroglyphes ou de cunéiformes et qui ne liront jamais Homère ni Sophocle.

Il est assez singulier que nous ayons jusqu’ici moins bien traité l’histoire nationale que celle des sociétés antiques. Ce fut sans doute une heureuse idée de consacrer le château de Versailles « à toutes les gloires de la France. » Mais, d’après le plan même qu’on s’était