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d’août, des incidens se sont produits à Londres qui ont provoqué un resserrement sensible, incidens. prévus d’ailleurs, et se rattachant directement à la grande opération d’emprunt réalisée le mois dernier par le gouvernement italien.

Les contractons anglais de l’emprunt avaient à effectuer leurs premiers versemens en or au ministre des finances d’Italie. On sait qu’ils se sont engagés à fournir 400 millions d’or, dont 200 environ ayant le 1er janvier 1882. On évalue à 65 millions de francs environ les quantités en monnaie de ce métal enlevées déjà à diverses reprises à Londres. Le marché monétaire a été affecté par ces retraits considérables, et dans une mesure d’autant plus forte qu’il y avait lieu de redouter en même temps une reprise immédiate du drainage de l’or pour, les États-Unis. L’encaisse de la Banque d’Angleterre a donc subi de fortes saignées, et les directeurs de cet établissement auraient certainement élevé le taux de l’escompte officiel jeudi dernier, 11 août, s’il n’avait été annoncé que les demandes d’or pour l’Italie allaient être provisoirement suspendues.

A un autre point de vue, peut-on penser que la facilité de la dernière liquidation tienne à un allégement sérieux de la place ? L’hypothèse ne paraît pas admissible. On a sans doute procédé à des réalisations pendant le mois de juillet et depuis le commencement d’août. Mais ces ventes ont porté sur des chiffres insignifians relativement à la masse énorme des engagemens. Quelques positions individuelles ont pu être réduites ou liquidées plus ou moins volontairement ; il n’en est pas résulté une diminution sensible du poids que porte la spéculation. Ce qui est possible et même probable, c’est que, grâce au travail de tassement auquel on s’est livré depuis deux ou trois mois, la charge de la spéculation est maintenant mieux répartie et partant plus aisée à soutenir.

Le 5 pour 100 a été, depuis le commencement du mois, l’objet de ventes continues ; aussi a-t-il fléchi de 118.50 à 117.87, et ce n’est que dans les derniers jours que, sous l’influence des bonnes dispositions générales, la spéculation a pu le ramener à 118.12. Cette défaveur du 5 pour 100 est plus apparente que réelle. On a cherché à l’expliquer par la continuation d’opérations d’arbitrage, déjà entamées il y a quelques mois, et visant la probabilité de la conversion à bref délai. La vraie raison de la baisse est ailleurs. Un grand nombre de soi-disant maisons de banque s’étaient constituées pour spéculer à terme sur le 5 pour 100 et promettaient à leur clientèle d’énormes bénéfices à provenir de cette unique combinaison. L’élévation du prix des reports a coupé en herbe cette riche moisson de l’avenir et forcé la plupart desdites maisons à liquider précipitamment. De là les ventes si remarquées pendant la quinzaine et dont la, contre-partie a été trouvée