Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/392

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Je suis perdu, je meurs innocent ; je pardonne ma mort à mes ennemis, mais ils en seront punis. »

À peine avait-il achevé ces mots que le glaive vengeur tombe sur sa tête coupable et la sépare de son corps. L’un des exécuteurs la prit aussitôt par les cheveux et la montra au peuple à diverses reprises. Au même instant, se firent entendre, de toutes parts, les cris mille fois répètes de : « Vive la république ! vive la liberté ! vive l’égalité ! périssent ainsi tous les tyrans ! » Les citoyens, ne sachant comment exprimer leur joie de se voir à jamais délivrés du fléau de la royauté, s’embrassèrent tous avec l’épanchement de la plus douce union, après quoi ils chantèrent des hymnes à la liberté, en formant des ronds de danse à l’entour de l’échafaud et sur toute la place de la révolution. Pendant que cette réjouissance des hommes libres s’exécutait, les restes du tyran étaient emportés au cimetière de la paroisse Sainte-Magdelaine.


Écoutez encore ceci ; après l’horrible et l’odieux, le grotesque :


Ô vous[1], époux et épouses, si vous êtes sincèrement attachés à la patrie, préparez une génération saine et vigoureuse qui, à son tour, en produise une autre encore mieux constituée s’il est possible. Pour y contribuer, menez dans tous les temps une vie réglée au physique et au moral et dès qu’il y a des signes de grossesse, gardez-vous d’altérer dans le sein maternel l’existence du fruit de vos amours. Maris, soyez tempérans en tout, ce principe s’étend fort loin ; ayez pour vos femmes les attentions et les égards qu’exige l’état d’un individu doué, si l’on peut dire, de deux vies…

On habille généralement trop tôt les garçons en culotte ; elles les gênent, les compriment, étranglent la région des reins, les rendent sales et trop précoces du côté de l’aiguillon de Vénus, par l’air chaud et renfermé que procure ce vêtement.


Tels étaient les instrumens, les livres de classe et de lecture que la convention avait mis entre les mains des enfans, et voilà représentée par ses produits les plus authentiques et les plus originaux la nouvelle pédagogie. La voilà bien imprégnée du plus pur esprit jacobin, destructrice de toute idée de discipline, de respect, d’autorité, exclusive, intolérante, haineuse et par-dessus tout antifrançaise. Antifrançaise ? En effet, le trait commun de ces publications, c’est

  1. De la Conservation des enfans pendant la grossesse et de leur Education physique depuis la naissance jusqu’à l’âge de six à huit ans, ouvrage auquel le jury pour l’examen des livres élémentaires proposés par la convention nationale, a décerné le premier prix, par le citoyen Saucerotte, chirurgien en chef d’armée, membre de l’Institut national.