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que, dans le ciel, les cercles sont un peu allongés pour devenir des ellipses, et que leurs plans ont une légère inclinaison sur celui de la terre, qu’on nomme l’écliptique ; mais ce double mouvement des astres se fait dans un sens commun qu’on nomme direct et qui serait inverse ou rétrograde s’il devenait contraire. À ces traits communs on reconnaît une même famille, c’est le système solaire, et l’on soupçonne une origine commune. Dans son ensemble actuel, ce système paraît immuable, mais en réalité il ne l’est point : les cieux ne sont pas incorruptibles comme on l’a cru trop longtemps ; rien n’est éternel, toute chose a commencé; les cieux, comme tout le reste, sont soumis à des transformations, à des évolutions progressives; l’homme, qui n’était pas né, ne les a pas vues s’accomplir, mais il a essayé de les deviner. Voici la célèbre hypothèse de Laplace.

Au commencement, la matière disséminée s’est rassemblée par son attraction autour de centres distincts pour former des nébuleuses, c’est-à-dire des amas de matériaux plus serrés au centre et de moins en moins denses vers l’extérieur. L’une de ces nébuleuses devait constituer le système solaire. Elle avait un mouvement direct de rotation, très lent, autour d’une ligne qui allait devenir l’axe du monde. Peu à peu ces matériaux se condensaient, et par une loi de mécanique, qui se nomme le principe des aires, le mouvement de rotation s’accélérait. Un jour, les parties extérieures, se détachant par la force centrifuge, se sont groupées pour former un astre unique, une planète, la plus éloignée du centre, la première en date, découverte la dernière, il y a peu d’années, par Leverrier: c’est Neptune. Les mêmes causes continuant ont renouvelé les mêmes séparations et donné successivement naissance à Uranus, à Saturne, à Jupiter, à Mars, à la Terre, enfin à Vénus et à Mercure. On voit que la terre est d’origine relativement récente et que le soleil, poursuivant son évolution, pourrait bien, dans les âges futurs, abandonner de nouveaux astres, perdre de son volume, de sa chaleur, de sa lumière et fatalement s’éteindre, à moins qu’une cause inverse de rénovation n’intervienne. A l’époque actuelle, le soleil est encore très gros, très lumineux, très chaud : un million de fois plus gros que la terre, plus lumineux que toutes les sources connues, assez chaud pour fondre annuellement une épaisseur de 30 mètres de glace répandue sur la terre. L’heure de son extinction finale, si toutefois elle doit sonner, est donc encore lointaine et n’intéresse pas l’humanité, qui doit disparaître avant lui. Ses distances aux planètes sont énormes ; il est à 40 millions de lieues de la terre et trente fois plus loin de Neptune. Ces distances ne nous paraissent si prodigieuses que parce que nous sommes si petits; il