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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/591

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La comète revint le 16, on la reverra après une période un peu plus courte, le 20 mai 1910. Nous n’avons plus que vingt-neuf ans à l’attendre.


II.

La comète de Halley n’est pas la seule dont le retour ait été prévu et observé ; je vais citer quelques autres exemples. Un observateur français, nommé Pons, découvrit à Marseille, en 1818, une comète télescopique dont il calcula les élémens paraboliques. Arago, puis Olbers, remarquèrent aussitôt la presque-identité de ces élémens avec ceux d’une autre comète observée déjà en 1805, 1795 et 1738. Elle avait donc une orbite elliptique que M. Encke calcula, une durée constante de révolution qu’il fixa à trois ans et trois mois; elle devait revenir et revint en effet, d’abord en 1822, puis dix-huit fois ensuite aux époques prévues, jusqu’en la présente année de 1881, où on l’attend[1]. C’est une comète qui n’a pas de queue, dont la distance périhélie est le tiers de celle de la terre, qui ne dépasse pas Jupiter à son aphélie ; son inclinaison est de Hi degrés, son mouvement est direct; elle a tous les caractères des comètes par sa nébulosité qui révèle une origine récente ou étrangère ; elle a ceux des planètes par son orbite et la régularité de ses mouvemens. Je citerai ensuite la comète de Faye, dont la périodicité est de sept ans et demie et qui n’atteint pas Saturne en son plus grand éloignement; puis celles de Brorsen, de D’Arrest, de Tuttle, de Winnecke, etc., en tout neuf petits astres, demi-comètes, demi-planètes, à peu près acclimatés chez nous, sans y être entièrement naturalisés. Avec la comète de Halley, cela fera dix astres réguliers dont les retours ont été jusqu’à présent assurés.

Mais il n’y en a que dix, tous les autres ont manqué à l’appel ou sont encore attendus; j’en vais rappeler de mémorables exemples. Au 15 juin 1770, l’astronome Messier reconnut une nébulosité qu’il vit grossir peu à peu. Au 21, elle était visible à l’œil nu; trois jours après, elle brillait comme une étoile de deuxième ordre, ensuite elle passait derrière le soleil. Mais on la revoyait au 5 août, et on suivait sa marche jusqu’au 15 octobre. C’était donc une comète bien observée dont Lexell calcula l’orbite, qui était elliptique, et la durée de parcours, qu’il trouva de cinq ans et demi. Comment se faisait-il qu’une planète si apparente, si bien étudiée, n’eût jamais été vue

  1. On vient d’annoncer son retour à l’Académie des Sciences ; elle avait été fortement retardée par Jupiter.