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Ces instrumens se rencontrent à l’extrême base de la couche en question ; celle-ci est surmontée de trois autres lits, dont le plus élevé a reçu le nom de «diluvium rouge » et repose immédiatement sous la terre végétale. Les dents de mammouth ne se trouvent que dans la seconde couche à partir de la plus profonde.

Les ossemens d’animaux associés aux instrumens de silex sont nombreux et caractéristiques ; outre l’éléphant antique, on rencontre le rhinocéros de Merck, l’hippopotame, le trogonthère, un bœuf, un cheval, un cerf, mais point de renne. Tout cet ensemble est parfaitement clair, et la date de l’arrivée de l’homme de Saint-Acheul se trouve précisée autant qu’elle peut l’être par les animaux au milieu desquels il vivait, par le séjour qu’il faisait au bord des grandes rivières, le long des graviers, dans le voisinage des eaux, auprès desquelles il était sans doute attiré par la pêche. M. Amenigho indique dans sa trouvaille des instrumens de formes très diverses, quelques-uns inconnus jusqu’à ce jour, mais tous taillés à grands éclats, suivant un procédé toujours le même, qui entraîne cependant l’idée d’une véritable perfection relative et d’une régularité parfois étonnante. Les formes en losange, en disque ellipsoïde, la rectangulaire, se font également remarquer. Ces instrumens, larges et généralement de grande dimension, indiquent des hommes robustes et actifs. L’unité de physionomie qui reparaît toujours en eux provient sans doute de l’uniformité du procédé de fabrication dont on usait pour les obtenir. Ce sont eux qui attirèrent l’attention de Boucher de Perthes et qui constituent en réalité sa plus grande découverte, puisque rien de plus ancien n’a été encore signalé avec sûreté jusqu’ici.

On sait que les instrumens auxquels ce dernier savant dut sa célébrité ont été recueillis dans un dépôt de graviers contenant des restes d’animaux éteints, presque toujours à la base du dépôt et souvent à une profondeur de 10 pieds au-dessous de la surface, soit auprès d’Abbeville, soit surtout à Saint-Acheul, près d’Amiens. Ces graviers, bien supérieurs au niveau actuel de la Somme, ont évidemment une origine quaternaire qui n’a jamais été contestée ; le nombre des instrumens est assez considérable pour que des fouilles bien dirigées en aient constamment fait rencontrer in situ, toutes les fois qu’il a été question de vérifier leur position dans le gisement. Pourtant, ce ne fut qu’après de longues controverses, et grâce au concours d’une foule de sa vans, que l’authenticité des découvertes de Boucher de Perthes fut mise hors de contestation. Pour arriver à ce résultat, il avait fallu les visites de Falconer, Prestwich, Evans, parmi les Anglais, de d’Archiac, Gaudry et bien d’autres géologues français. C’est en 1858 que le litige fut décidément tranché, et bientôt après, des découvertes analogues, faites sur divers points de