devienne arbitraire. » Quelle est donc la part de la volonté ? Quelle est la part de la croyance? La voici : L’auteur distingue l’assentiment et le consentement. L’assentiment est forcé; le consentement est libre. Il peut y avoir telle vérité désagréable qui force notre assentiment sans que nous lui donnions notre consentement ; nous nous en écartons pour ne pas la voir et nous cherchons des raisons pour l’esquiver et le désavouer. Au contraire, quand la vérité nous plaît, le consentement s’ajoute à l’assentiment. En outre, c’est bien la volonté qui suspend l’affirmation pour que l’esprit ait le temps d’examiner : c’est encore elle qui, lorsque les raisons sont insuffisantes, et qu’il y a nécessité de juger, prend le parti de la décision ; c’est elle alors qui est responsable de l’erreur, si elle affirme trop vite et sans informations suffisantes, ou sans chercher toutes les informations qui sont à notre portée. Tel est le rôle de la volonté dans la connaissance en général, et cette analyse est irréprochable : on voit que la volonté n’intervient jamais que pour préparer l’affirmation ; si elle y consent, ce n’est qu’en cas de nécessité impérieuse et en laissant toujours une chance de retour : jamais la volonté n’a pour objet le vrai en tant que tel. Le vrai reste le domaine propre de l’intelligence. Voilà du moins, selon M. Ollé-Laprune, comment les choses se passent dans le domaine de la connaissance spéculative. En sera-t-il de même dans l’ordre moral?
Ici, suivant l’auteur, la volonté intervient d’abord comme dans tous les cas précédens ; mais elle y intervient encore d’une manière plus intime et plus profonde ; elle ne sert plus seulement à préparer la vérité, elle contribue véritablement à la faire. Les conditions purement spéculatives se changent en « conditions morales. » En effet, pour la distinction du bien et du mal, pour l’établissement de la loi du devoir et de toutes les vérités qui s’y rattachent, il ne suffit plus d’être attentif et consciencieux : « L’attention devient consentement au bien, amour du bien, fidélité au bien. » Est-ce, en effet, accepter véritablement une vérité morale que de l’accepter sans l’aimer, de l’accepter par l’esprit sans y donner son cœur ? « La vérité morale n’est pas seulement un spectacle ; » si l’action ne suit ou ne précède, « la délicatesse de la perception morale s’affaiblit » et « les défections de l’intelligence troublent l’intelligence. » En un mot, dans l’ordre moral il faut percevoir la vérité non-seulement par l’intelligence seule, mais avec l’âme tout entière, σὺν ὅλῃ τῇ ψυχῇ, dit Platon.
Cependant, même dans l’ordre moral, l’auteur se refuse à une doctrine absolue et ne veut pas faire dépendre la vérité de la volonté. « C’est bien la chose elle-même qui s’impose à l’esprit, » dit-il. Les quatre grandes vérités morales du devoir, de la liberté,