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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/925

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que les voyans. Cependant, dans la majorité des cas, l’intervention de la vue joue un rôle si important qu’on doit ne rien omettre pour régler son action. La posture la plus favorable est de faire diriger les yeux un peu en haut et de provoquer un léger strabisme convergent.

Quelques observations ou plutôt quelques anecdotes empruntées à Braid serviront à la démonstration et tempéreront un peu l’aridité de cet exposé de manuel opératoire.

«Après ma conférence à Londres, un gentleman exprima à M. Walker, qui m’assistait, le très vif désir d’être hypnotisé par moi, les tentatives des plus habiles magnétiseurs ayant échoué. « Asseyez-vous, dit M. Walker, et je vous hypnotiserai moi-même en une minute. » Quand j’entrai dans la chambre, j’aperçus le patient assis, les yeux en arrêt sur le doigt de l’opérateur. Je sortis un instant, et en rentrant quelques minutes après, je trouvai M. Walker immobile, presque endormi et ayant le doigt dans un état de rigidité cataleptique. Je repris l’expérience et, avant trois minutes, le malade était endormi et absolument cataleptisé. La faute de M. Walker avait été de tolérer du bruit dans l’appartement, de ne pas placer les yeux du sujet dans la meilleure direction. » Un autre fait est plus curieux. « Je fus informé, dit Braid, qu’un enfant de cinq ans et demi avait assisté à une de mes expériences et en rentrant le soir avait proposé à sa bonne de l’hypnotiser. Celle-ci, ne supposant pas qu’elle éprouvât la moindre sensation, s’y prêta de bonne grâce et tomba rapidement dans le sommeil, avec les phénomènes nerveux les plus accentués. J’étais peu disposé à croire et je soupçonnais quelque malentendu. Le lendemain, j’allai rendre visite aux parens, et demandai à l’enfant de renouveler l’expérience, qui, cette fois encore, réussit au mieux. »

Plus tard, la servante ainsi hypnotisée par hasard devait fournira Braid un de ses sujets de prédilection. Toute personne même étrangère aux choses de la médecine pourra tenter avec succès la méthode de Braid, en se bornant à solliciter l’hypnotisme et la catalepsie.

Autant Braid est précis sur le mode d’opérer qu’il préconise, autant il l’est peu sur les détails de l’observation, pendant la première période, la seule dont je traite actuellement. Il suffit, sans autre précaution, d’appliquer la pulpe de deux doigts sur les yeux d’un malade couché et auquel on ne demande pas de participer autrement à l’épreuve qu’en se laissant faire passivement; si le sujet est propice, au bout de quelques secondes, on voit se manifester les premiers indices de l’hypnotisation. Les globes des yeux s’immobilisent : c’est là, et Braid l’avait justement noté, en y insistant peu parce qu’il n’agissait pas par le contact, la condition sine qua non.