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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 47.djvu/935

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Pour les critiques, probablement peu nombreux, qui voudraient tenter l’aventure, je rappelle la méthode : mettre le patient en état d’hypnotisme par les moyens déjà indiqués; étendre les bras pendant une minute ou deux, les abaisser doucement ; laisser le sujet au repos absolu durant quelques minutes; appliquer un ou deux doigts sur le point central du foyer phrénologique en exerçant une légère pression. Si la contenance témoigne que l’effet attendu est réalisé, s’en tenir à cette manœuvre. Au cas contraire, frictionner doucement le point comprimé et à voix basse interroger le patient sur ce qu’il éprouve, ce qu’il désire, ce qu’il aime ou ce qu’il voit, jusqu’à ce qu’on ait obtenu une réponse décisive.

On ne me pardonnerait pas de pousser plus loin l’analyse et de reproduire le catalogue des fonctions intellectuelles et morales dressé par les phrénologues, revu et corrigé par Braid. Je ferai pareillement grâce au lecteur des interprétations où figure une théorie du système nerveux ganglionnaire, des actions réflexes, etc., qui, même si elle était prouvée, éluciderait peu la question.

Le complément obligé de toute investigation du genre de celles que poursuivait Braid : magnétisme animal, mesmérisme, somnambulisme, fascination, est l’application de l’agent si énergique et si puissant au traitement des maladies. Sous leur forme brutale et grossière, les miracles du cimetière Saint-Médard étaient excusés, justifiés, je dirais même glorifiés par les cures non moins miraculeuses dont l’honneur lui revenait. Malheureusement ou heureusement la thérapeutique, représentée par ses deux termes : le malade et le médecin, a encore moins de fixité que l’aspiration vers l’inconnu. Elle débute par une foi improvisée; le résultat favorable obtenu ne représente pas un fait, mais la règle. Puis les essais se multiplient avec des fortunes diverses : plus la confiance a été sereine, plus la défiance, dès qu’elle s’insinue, eh trouble la limpidité ; du peut-être qui d’abord a fait pénétrer le doute on passe vite à un scepticisme impitoyable. Tout crédule est un incrédule en herbe, d’autant plus âpre qu’au lieu d’accorder qu’il s’est trompé, il accuse les promoteurs du remède de l’avoir trompé sciemment.

En principe, l’hypnotisme doit guérir, donc il guérit ; tout remède qui entre dans la thérapeutique sous cette formule est à mes yeux condamné d’avance.

« J’expose, dit Braid, aux médecins en général mes vues sur ce que je considère comme un agent doué d’une puissance extraordinaire dans l’art de guérir. Je supplie qu’il soit bien entendu que je répudie l’idée d’élever cet agent à la hauteur d’un remède universel. Tout au contraire, je maintiens qu’il requiert l’acumen et l’expérience d’un médecin, seul apte à décider des indications. » Il ajoute,