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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/123

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enfans commence à paraître vers la fin du IIe siècle. Il trouvera jusqu’au IVe siècle des adversaires décidés.

La pénitence était déjà réglée à Rome vers le temps du faux Hermas. Cette institution, qui supposait une société si fortement organisée, prit des développemens surprenans. C’est merveille qu’elle n’ait pas fait éclater l’église naissante. Si quelque chose prouve combien l’église était aimée et l’intensité de joie qu’on y trouvait, c’est de voir à quelles rudes épreuves on se soumettait pour y rentrer et regagner parmi les saints la place qu’on avait perdue. La confession ou l’aveu de la faute, déjà pratiquée par les juifs, était la première condition de la pénitence chrétienne.

Jamais, on le voit, le matériel d’un culte ne fut plus simple. Les vases de la cène ne devinrent sacrés que lentement. Les soucoupes de verre qui y servaient furent les premières l’objet d’une certaine attention. L’adoration de la croix était un respect plutôt qu’un culte ; la symbolique restait d’une extrême simplicité. La palme, la colombe avec le rameau, le poisson, l’ΙΧΘΥΣ, l’ancre, le phénix, l’ΛΩ, le T désignant la croix, et peut-être déjà le chrisimon ( ?) pour désigner le Christ ; telles étaient presque les seules images allégoriques reçues. La croix elle-même n’était jamais représentée ni dans les églises ni dans les maisons ; au contraire, le signe de la croix, fait en portant la main au front, était fréquemment répété ; mais il se peut que cet usage fût particulier aux montanistes.

Le culte du cœur, en revanche, était le plus développé qui fut jamais. Quoique la liberté des charismes primitifs eût déjà été bien réduite par l’épiscopat, les dons spirituels, les miracles, l’inspiration directe continuaient dans l’église et en faisaient la vie. Irénée voit en ces facultés surnaturelles la marque même de l’église de Jésus. Les martyrs de Lyon y participent encore. Tertullien se croit entouré de miracles perpétuels. Ce n’est pas seulement chez les montanistes que l’on attribuait le caractère surhumain aux actes les plus simples. La théopneustie et la thaumaturgie, dans l’église entière, étaient à l’état permanent. On ne parlait que de femmes spirites qui faisaient des réponses et semblaient des lyres résonnant sous un coup d’archet divin. La soror dont Tertullien nous a gardé le souvenir émerveille l’église par ses visions. Comme les illuminées de Corinthe du temps de saint Paul, elle mêle ses révélations aux solennités de l’église ; elle lit dans les cœurs ; elle indique des remèdes ; elle voit les âmes corporellement comme des petits êtres de forme humaine, aériens, brillans, tendres et transparens. Des enfans extatiques passaient aussi pour les interprètes que se choisissait parfois le Verbe divin.

La médecine surnaturelle était le premier de ces dons, que l’on