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et vivaient avec les clercs du surplus des offrandes de pain et de vin. Pour les ordres élevés du clergé, le célibat tendait de plus en plus à s’établir ; au moins les secondes noces étaient interdites. Les montanistes arrivèrent vite à prétendre que les sacremens administrés par un prêtre marié étaient nuls. La castration ne fut jamais qu’un excès de zèle bientôt condamné. Les sœurs compagnes des apôtres, dont l’existence était établie par des textes notoires, se retrouvent dans ces sous-introduites, sorte de diaconesses servantes, qui furent l’origine du concubinat avoué des clercs au moyen âge. Les rigoristes demandaient qu’elles fussent voilées, pour prévenir les sentimens trop tendres que pouvait faire naître chez les frères leur ministère de charité.

Les sépultures deviennent, dès la fin du IIe siècle, une annexe de l’église et l’objet d’une diaconie ecclésiastique. Le mode de sépulture chrétienne fut toujours celui des juifs, l’inhumation consistant à déposer le corps enveloppé du suaire dans un sarcophage, en forme d’auge, surmonté souvent d’un arcosolium. La crémation inspira toujours aux fidèles une grande répugnance. Les mithriastes et les autres sectes orientales partageaient les mômes idées et pratiquaient à Rome ce qu’on peut appeler le mode syrien de sépulture. La croyance grecque à l’immortalité de l’âme conduisait à l’incinération ; la croyance orientale en la résurrection amena l’enterrement. Beaucoup d’indices portent à chercher les plus anciennes sépultures chrétiennes de Rome vers saint Sébastien, sur la voie Appienne. Là se trouvent les cimetières juifs et mithriaques. On croyait que les corps les apôtres Pierre et Paul avaient séjourné en cet endroit, et c’était pour cela qu’on l’appelait Catatumbas, « aux Tombes. »

Vers le temps de Marc Aurèle, un changement grave se produisit. La question qui préoccupe les grandes villes modernes se posa impérieusement. Autant le système de la crémation ménageait l’espace consacré aux morts, autant l’inhumation à la façon juive, chrétienne, mithriaque immobilisait de surface. Il fallait être assez riche pour s’acheter, de son vivant, un loculus dans le terrain le plus cher du monde, à la porte de Rome. Quand de grandes masses de population d’une certaine aisance voulurent être enterrées de la sorte, il fallut descendre sous terre. On creusa d’abord à une certaine profondeur pour trouver des couches de sable suffisamment consistantes ; là, on se mit à percer horizontalement, quelquefois sur plusieurs étages, ces labyrinthes de galeries dans les parois verticales desquelles on ouvrit les loculi. Les juifs, les sabaziens, les mithriastes, les chrétiens, adoptèrent simultanément ce genre de sépulture, qui convenait bien à l’esprit congréganiste et au goût du mystère qui les distinguaient. Mais, les chrétiens ayant continué ce genre de