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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/183

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princes de l’hellénisme, et Jérôme Balbi, qui eut l’honneur d’être appelé à l’Université de Paris. Les étrangers, les oltremontani, eux-mêmes se pressaient dans cette nouvelle Athènes. Le savant historien de la ville de Rome, M. Gregorovius, a cherché, avec une prédilection facile à comprendre, quels étaient du temps de Sixte, ceux de ses compatriotes qui furent mêlés à ce mouvement scientifique si remarquable. Citons d’abord l’astronome Jean Müller, de Kœnigsberg en Franconie, qui, après un premier séjour fait à Rome, auprès de Bessarion et marqué par une polémique violente avec George de Trébizonde, revint, sur l’invitation de Sixte IV, pour corriger le calendrier, mais mourut au bout d’un an. Jean Wessel, de Groningue, qui s’était rendu en Italie pour apprendre le grec, semble avoir également séjourné quelque temps dans la Ville éternelle ; il s’y trouvait au moment de l’avènement de Sixte, avec lequel il était lié. Aux offres de service du nouveau pape il répondit en le priant d’exercer son ministère en vrai pasteur et en lui demandant pour toute faveur de lui faire don d’une Bible en grec et en hébreu, conservée à la Vaticane. Le Nurembergeois Laurent Behaim passa la plus grande partie de son existence à Rome, où il remplissait les fonctions de maestro di casa du cardinal Borgia, le futur Alexandre VI ; il y forma une collection d’inscriptions qui se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque de Munich, parmi les papiers de son compatriote Schedel. Peut-être celui-ci, l’ami de Durer, a-t-il également visité Rome à cette époque. On sait du moins qu’il fréquenta, de 1463 à 1466, les cours de l’Université de Padoue et qu’il ne retourna à Nuremberg qu’en 1480. Nous avons un renseignement plus précis sur les pérégrinations de Conrad Peutinger, que sa publication de la carte des routes du bas-empire devait rendre si célèbre ; il nous apprend lui-même qu’il reçut à Rome les leçons de Pomponius Lætus. Si nous rappelons, à côté de ces noms, celui de Reuchlin, que nous avons déjà rencontré parmi les élèves d’Argyropoulos, le lecteur ne fera pas difficulté de reconnaître que Rome était devenue une arène internationale. Sixte s’applaudit sans doute de ce succès ; il aurait dû s’en effrayer. De composition moins facile que leurs confrères italiens, les humanistes allemands n’entendaient pas s’arrêter à la limite qui sépare la science de la foi. Si Reuchlin, par de certains côtés, est encore un champion de la renaissance, par d’autres il est aussi un des précurseurs de la réformation.


III

En Italie, et à Rome plus que partout ailleurs, pendant le XVe siècle, le rôle d’un Mécène était double, vis-à-vis de l’art