Elles sont donc venues, ces explications si universellement désirées, qui devaient tout à la fois régler les comptes du passé, offrir à une majorité l’occasion de se révéler et préparer une reconstitution de gouvernement dans des conditions nouvelles ? On les appelait depuis longtemps, et ce n’était pas sans raison, pour éclaircir les doutes, les confusions, les équivoques, les incohérences qui obscurcissaient et embarrassaient une situation, pour avoir, en un mot, un peu de lumière, et sur ces inextricables affaires de Tunisie, et sur la politique générale du pays.
Elles sont venues : pendant trois ou quatre jours la discussion s’est prolongée, les orateurs se sont succédé, tous les griefs se sont produits, toutes les justifications ont été présentées. Le chef du cabinet, M. Jules Ferry, s’est multiplié, et on pourrait dire qu’il a seul porté au nom du gouvernement le poids de la discussion, si M. le ministre de la guerre n’avait tenu, lui aussi, à intervenir comme pour montrer jusqu’au bout son insuffisance et faire son testament. De leur côté, des députés républicains, M. Naquet, M. Clemenceau, M. Le Faure, se sont chargés de mener l’assaut contre le ministère, d’instruire le procès de cette entreprise tunisienne. Les uns et les autres sont arrivés avec une ample provision de documens qu’ils ont versés à flots sur la tribune. Dire que de ces explications minutieuses et contradictoires une véritable lumière a jailli, qu’on a été plus éclairé après qu’on ne l’était avant, ce serait de la naïveté ou de la complicité. Le fait est qu’on s’est perdu dans les détails, que la chose la plus essentielle a manqué, l’art de resserrer et de simplifier une question en l’élevant, et que, par une suite naturelle d’un débat mal engagé, tout a fini par