Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/872

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forme du Traité des sensations de Condillac… Secondement, on croit qu’il serait convenable, pour bien des motifs, de ne pas parler de la prétendue preuve que donne Condillac de l’immortalité de l’âme et de l’incompatibilité de la pensée et de l’étendue dans une même substance, et de ne pas entrer dans les détails des perfections de l’Être suprême. Ce sont choses qui dépassent nos moyens de connaître et qui ne pourront jamais être susceptibles de bannes démonstrations. Or le caractère de la nouvelle métaphysique est et doit être de ne traiter que les sujets qui sont évidemment à la portée de notre intelligence. »

Ainsi, ce n’était pas seulement le dogme qu’on proscrivait, l’athéisme officiel s’en prenait encore aux idées qui forment le fonds commun de la philosophie spiritualiste et des religions. Singulière aberration de la part d’un gouvernement et qui n’était pas faite, à coup sûr, pour donner beaucoup de vogue aux écoles centrales. Déjà suspectes par leur origine, elles auraient eu besoin de rassurer l’opinion publique par des tendances et une tenue irréprochables. L’étiquette matérialiste acheva de les discréditer.


V

L’enseignement. — « Nous nous sommes dit : liberté de l’éducation domestique, liberté des établissemens particuliers d’instruction. Nous avons ajouté : liberté des méthodes instructives ; car dans l’art de cultiver les facultés de l’homme, il existe un nombre presque infini de détails secrets qui sont inaccessibles à la loi, non-seulement parce que, dans leur extrême délicatesse, ils n’ont point encore, si j’ose ainsi parler, d’expression dans l’idiome du législateur, non-seulement parce que, à l’égard de ces détails, la fidélité ou la négligence des maîtres serait toujours trop peu apparente et qu’il n’est pas bon que la loi prescrive ce dont l’exécution ne pourra pas être surveillée, mais surtout parce qu’il ne faut point consacrer ni déterminer par des décrets des procédés qui, entre les mains de fonctionnaires habiles peuvent s’améliorer par l’expérience de chaque jour. »

C’est en ces termes que Daunou, dans son rapport à la convention, avait marqué le but de la nouvelle pédagogie, et tels étaient les principes, les vues qui avaient présidé, dans le comité d’instruction publique, à l’élaboration du projet de loi sur les écoles centrales, Donc, non content de substituer des cours aux anciennes classes des collèges, on allait donner aux professeurs une entière liberté. Après l’émancipation de l’élève, celle du maître. Point de