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« Les obstacles qui s’opposent au succès de notre école, écrivent les professeurs de l’école centrale de Chartres, sont d’abord les écoles primaires, qui ne forment pas d’élèves en état de suivre nos cours. »

Et de tous ainsi. Un tel concert ne pouvait manquer d’appeler l’attention des pouvoirs publics. Aussi voyons-nous, dès le 6 brumaire an VI, la commission d’instruction publique du conseil des cinq cents[1] saisir cette assemblée d’un projet de loi sur les écoles primaires, secondaires et centrales, où se trouve fortement établie la nécessité d’un enseignement intermédiaire.

Après avoir, dans un court préambule, exposé que « de tous les établissements créés par la loi du 3 brumaire an IV, l’Institut national était le seul qui, par les grands talens qu’il renferme ait pu acquérir de la consistance et prendre une marche assurée, tandis que les écoles primaires n’existent qu’en projet, et que les écoles centrales n’ont reçu qu’une demi-existence, sont peu fréquentées, se traînent partout dans un état de langueur et de médiocrité, » Roger Martin s’exprimait ainsi : « Après l’école primaire où le jeune élève doit apprendre à lire, à écrire, chiffrer et les premières notions de la morale, la loi du 3 brumaire le conduit sans secours intermédiaire à l’école centrale. Là, on lui donne d’abord une instruction méthodique sur sa propre langue et sur celles des langues anciennes qui ont le plus de rapport avec les institutions républicaines ; ensuite on lui montre les principes de l’art oratoire et du raisonnement, les élémens des sciences mathématiques, physiques et morales et les matières les plus importantes de la législation française.

« Il paraît, d’après ce premier aperçu qu’il existe une telle disproportion entre l’école primaire et l’école centrale que jamais un élève sortant de l’une ne pourra parvenir à l’autre et en suivre utilement les leçons sans passer par une éducation privée qui, se plaçant entre les deux, rompra le fil de l’instruction publique et dérangera sa marche.

« C’est en grande partie pour parer à cet inconvénient grave, pour combler l’intervalle vide où le jeune homme, dans le système actuel, doit passer plusieurs années dépourvu de tout secours, que votre commission vous propose, sous le nom d’écoles secondaires, un degré d’enseignement tenant le milieu entre l’école primaire et l’école centrale, qui, plus économique et plus utile que ce qui existe en ce moment raccordera ces deux degrés d’instruction et

  1. Composé des citoyens Chénier, Mortier du Parc, Bailly, Gomaire, Sainthorent, Leclerc, Villars, Bérenger et Roger-Martin.