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Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 48.djvu/951

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 décembre.

S’il est vrai que les grandes choses aient avant tout besoin de temps pour se produire, pour se manifester dans leur caractère et dans leur ampleur, le ministère qui nous est né il y a un mois remplit tout au moins la première condition du programme : il prend son temps ! Les jours et les semaines passent, on attend à l’œuvre ce gouvernement nouveau, plein de promesses, destiné à tout donner à la fois, la stabilité aussi bien que le progrès, — ; et l’œuvre ne paraît pas. Le ministère en est encore à se reconnaître et à chercher sa voie. Il procède avec lenteur, avec précaution, sans se hâter de dévoiler ses conceptions et ses projets. Il a eu ses réceptions, il a fait des circulaires, il a distribué des emplois ; par le fait, il n’a point dépassé les préliminaires du début. C’est tout au plus s’il paraît établi et si les ministres de création nouvelle ont réussi à trouver un camp ou un gîte. Ils errent encore à la recherche d’un « immeuble de l’état, » d’un toit hospitalier sous lequel ils puissent s’abriter avec leurs services, et l’un d’eux aurait eu même, dit-on, l’étrange fantaisie de vouloir s’installer aux Invalides : c’était un peu tôt pour un pouvoir naissant ! Ce ministère du 14 novembre, devant lequel tout devait s’effacer, dont le chef était désigné depuis si longtemps, il semblait n’avoir qu’à paraître ; on le croyait tout préparé pour relever l’autorité du gouvernement, pour dominer du premier coup toutes les difficultés, pour en unir avec les confusions et les équivoques ; avant de le connaître, on ne doutait pas de sa popularité et de sa force, de son crédit dans le parlement. Voici cependant que, depuis son arrivée aux affaires, il semble n’être plus