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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE


La crainte de la liquidation de fin décembre a pesé sur les transactions de la Bourse de Paris, pendant toute la dernière quinzaine de l’année, et a déterminé un mouvement de réaction assez vif sur les rentes et sur la plupart des valeurs. Au dernier moment, c’est-à-dire à la veille de la réponse des primes, les appréhensions ont paru s’atténuer, et la spéculation à la hausse, dont les convictions avaient été quelque peu ébranlées par les prédictions les plus sinistres sur l’imminence d’un effondrement, a repris courage. Les prix des valeurs se sont relevés, et il semble que la liquidation du 2 et du 3 janvier ne différera en rien de celles qui l’ont précédée. Les acheteurs subiront tous les sacrifices qui leur seront imposés ; l’argent sera très exigeant, mais ne fera point défaut; les caisses de reports serviront un intérêt des plus respectables à leurs déposans, et les capitalistes avisés auront pu obtenir un emploi temporaire à 10 pour 100, même sur de bonnes valeurs.

A Londres aussi, on avait conçu de vives inquiétudes au sujet de la liquidation qui s’est effectué du 27 au 30; un moment, la situation a été critique; les acheteurs de certaines valeurs ne pouvaient trouver à se faire reporter, même à 25 pour 100. Les grandes banques sont venues au secours de la place, et aussi tôt l’argent est retombé au prix déjà bien raisonnable de 8 à 10 pour 100, Les spéculateurs du Stock-Exchange ont-ils au moins tenu compte de l’avertissement significatif qui venait de leur être donné? Dès le lendemain, la hausse reprenait son élan de l’autre côté du détroit, et c’est en grande partie sur ce revirement du marché anglais que notre propre marché s’est raffermi dans la journée du 30.

La baisse des rentes françaises, et notamment du 5 pour 100, a été l’objet de nombreux articles dans la presse politique pendant cette quinzaine. L’influence qu’exerce aujourd’hui sur les tendances de l’opinion publique la hausse ou la baisse des valeurs mobilières, par suite de la diffusion infinie des placemens, est telle que les politiciens n’ont pu voir le 5 pour 100 fléchir au-dessous de 115 francs sans se croire obligés d’expliquer ce fait par des raisons méthodiquement déduites, soit de la situation politique en général, soit des exagérations condamnables de la spéculation.

Sans attacher plus d’importance qu’elles n’en méritent à des hypothèses