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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/379

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des terres près des naturels, le soin d’acquérir des parties du sol étant réserve aux représentans de la couronne. N’était reconnue la validité d’aucun titre à la possession d’une terre si elle n’avait la garantie d’une commission formée à Sidney. Un acte d’acquiescement est présenté à la signature des habitans; mais le capitaine Hobson trouve une résistance inattendue. Les personnes les plus notables refusent de signer, protestant avec énergie contre de flagrantes illégalités. Qu’importe? la majeure partie de la population européenne se compose de déserteurs de toutes les marines, de convicts échappés du bagne de Sidney; tous ces gens espèrent obtenir la garantie de propriétés plus ou moins mal acquises ; ils s’empressent de donner leur adhésion.

Le capitaine Hobson fait répandre une note imprimée dans la langue des Maoris qui conviait pour le 5 février suivant tous les chefs sans distinction sur l’habitation du résident, M. Busby. Il s’agissait de leur expliquer les ordres de la reine de la Grande-Bretagne et de leur présenter la copie d’un traité qui serait soumis à leur acceptation. Comme on en est déjà informé par les navigateurs qui touchèrent à la baie des Iles en 1840, on n’avait point épargné les présens et les promesses capables de bien disposer les Néo-Zélandais.

Au jour désigné, sous une tente construite par l’équipage du Herald, les officiers de la corvette, le résident, M. Busby, les membres de la société des missions, l’évêque français, Mgr de Pompalier, les fonctionnaires du gouvernement, les principaux habitans européens prennent place tout autour de la salle ; les chefs maoris, assis à terre, occupent le centre. Le capitaine Hobson commence par une allocution aux Néo-Zélandais, afin de les préparer à la soumission à l’autorité de la reine d’Angleterre. Sans perdre contenance, il ose déclarer à ces pauvres gens qu’ils ont inspiré intérêt à la reine au point de la décider à fournir des vaisseaux et des troupes pour, les protéger. Le gouverneur lit les traités, appuyant, disent les historiens anglais, sur chaque article, offrant des explications sur les passages qui ne seraient pas bien compris. La situation des chefs était assurée, leur liberté garantie ; seules, les terres appartiennent maintenant à la reine et à nul autre on ne peut les vendre. Le missionnaire, M. H. Williams, traduisait dans l’idiome des indigènes toutes les paroles prononcées par le lieutenant-gouverneur. Le tumulte éclate ; dans l’assistance, on accuse l’interprète d’altérer le sens des termes du discours. Plusieurs fois de sévères apostrophes le rappellent au devoir. Après la lecture du traité, M. Hobson invite les chefs néo-zélandais à demander des explications s’ils n’ont pas tout saisi, à présenter des observations s’ils en conçoivent le désir. Alors quelques-uns des insulaires manifestent une si violente opposition