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au crédit; les coulissiers ne peuvent qu’invoquer individuellement le concours de la haute banque. Cette question des embarras du marché libre reste le gros point noir de la liquidation prochaine.

Un rapide coup d’œil jeté sur la cote suffit pour donner une idée des différences énormes que la spéculation à la hausse aura à payer samedi prochain. Depuis le 15, l’Union générale a baissé de 2,000 fr., la Banque des pays autrichiens de 500 francs, la Banque des pays hongrois de 300 francs, le Suez de 500 francs, la Part civile de 400; la Banque d’escompte, la Société générale, le Crédit de France, la Banque franco-égyptienne de 130 francs environ; plusieurs autres établissemens de crédit de 80 francs environ, les Omnibus de 200 fr. Nous ne parlons pas de la dépréciation subie par bon nombre de valeurs de création récente, Banque transatlantique, Crédit algérien. Compagnie foncière de France et d’Algérie, Banque maritime. Banque romaine. Banque centrale du commerce et de l’industrie, etc., tous titres qui ont déjà perdu une bonne partie de la prime avec laquelle ils avaient vu le jour. Depuis le 1er janvier, le Crédit foncier a perdu 80 francs, la Banque de France 300 francs, le Lyon 150 francs, le Nord 300 francs.

Les valeurs étrangères n’ont pas été plus épargnées que les valeurs françaises ; depuis le 15, la baisse est de 50 francs sur la Banque ottomane, de 100 francs sur le Crédit foncier autrichien, de l40 francs sur le Mobilier espagnol, de 60 francs sur les Chemins autrichiens, de 50 francs sur les Lombards, le Nord de l’Espagne et le Saragosse.

Au dehors, le contre-coup de la crise financière de Paris n’a pas tardé 9 se faire sentir. La journée du dimanche 22 janvier a vu se produire à Vienne une panique d’une violence inouïe; à Berlin, la spéculation a été mise dans le plus complet désarroi; les Bourses de Madrid et de Barcelone ont eu, également leurs journées noires. A Londres, le Stock-Exchange a eu à supporter des ventes considérables, pour compte français, de valeurs internationales; une baisse importante du change s’en est suivie; de fortes quantités d’or ont été prises à la Banque d’Angleterre et sur le marché pour être importées en France, et la Banque a dû élever le taux de son escompte à 6 pour 100 pour protéger sa réserve, qui ne dépasse plus 10 millions de livres sterling. Bruxelles et Amsterdam ont aussi élevé le taux de l’escompte. Ces faits ont contribué à enrayer la reprise qui se dessinait ici dans les deux dernières journées.

Notre marché cependant se relèvera de la crise qu’il traverse, crise qui n’a atteint aucune des sources vives de la richesse publique et qui s’est produite en dehors de toute complication économique et financière. C’est qu’il ne s’agit pas, nous croyons devoir le répéter, d’un effondrement comparable à celui qui, en 1873, a laissé de si tristes