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Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 49.djvu/911

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monotone, colle de l’Hercule montre, au contraire, des accens et une décision qui prouvent la supériorité du talent.

En résumé, il convient de considérer les sculptures du temple d’Olympie surtout comme des spécimens d’art décoratif. Malgré des inégalités choquantes, lorsqu’on regarde de près ces sculptures, elles devaient encore, à la distance où elles étaient vues, produire un grand effet, grâce à l’exactitude des proportions, à la justesse des mouvemens et à la sobriété même du travail. Quant à soutenir la comparaison avec celles du Parthénon, elles n’y sauraient prétendre. Faites aussi pour être vues à distance, les statues de Phidias sont, il est vrai, traitées avec une largeur extrême ; mais cette ampleur est voulue et raisonnée, combinée en vue d’une place et d’un effet déterminés. La sûreté de l’artiste y est si grande que, même de près, leur contemplation nous fournit de nouveaux motifs de les admirer. Leur mérite aussi est égal, et le maître, s’il n’a pas tout exécuté lui-même, a du moins tenu la main à cette unité de style que, comme lui, Raphaël a su obtenir de ses élèves, bien qu’il ait, lui aussi, largement profité de leur collaboration. Tout au plus, dans la composition d’Alcamène, sera-t-il permis de reconnaître quelques-unes des grandes qualités de l’art attique; mais, sans prétendre que la pensée soit peu de chose en pareille matière, il faut bien avouer qu’elle ne compte guère quand, comme ici, elle n’est pas étayée par des qualités d’exécution suffisantes.

Sans recourir d’ailleurs à d’écrasantes comparaisons, deux statues trouvées à Olympie même, et dont l’une porte la signature de Pæonios, vont nous permettre d’apprécier quelle distance sépare l’œuvre d’un artiste qui crée de celle d’un simple praticien qui copie l’ébauche ou le dessin d’un maître. Toute mutilée qu’elle est, privée de sa tête, de ses bras et de ses ailes, la Victoire de Pæonios conserve cependant une vitalité puissante. Agrafé sur l’épaule droite et serré à la taille, son vêtement flotte autour d’elle, en laissant transparaître sa chaste nudité. Un de ses pieds est posé sur un rocher, l’autre était sans doute suspendu en l’air. Portait-elle une couronne ou une trompette, ou tout simplement, comme il est plus probable, retenait-elle de ses deux mains les plis de son manteau? Vient-elle de se poser ou se prépare-t-elle à prendre son essor ? Cet oiseau placé à côté d’elle, est-ce l’aigle de Jupiter ou n’est-ce pas plutôt quelque oiseau de mer destiné à symboliser ce rivage sur lequel la déesse s’est abattue, comme si elle voulait le protéger et en garantir la possession? Autant de questions auxquelles l’état trop incomplet de cette statue ne permet guère de donner une réponse bien certaine. Mais élevée, comme elle l’était, à plus de six mètres au-dessus du sol et dépassant les autres monumens votifs dentelle était entourée, cette Victoire devrait attirer de loin les regards. Les inscriptions gravées