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suppression à peu près complète, provisoirement, des opérations à terme. Les agens ne veulent plus exécuter d’ordres de vente à découvert, mais ils n’acceptent pas plus volontiers les ordres d’achat sans argent; en sorte que, malgré l’activité incontestable du marché au comptant et l’abondance des demandes de l’épargne qui met à profit le recul des cours, ceux-ci sous le poids des réalisations continues des anciens acheteurs reportés, ne cessent de rétrograder. Il faudra sans doute deux ou trois liquidations pour rétablir l’équilibre entre l’offre et la demande.

Les valeurs qui ont le plus souffert cette quinzaine sont les titres des institutions de crédit. Les imaginations surexcitées ont créé toutes sortes de fantômes; le sort de l’Union générale allait être partagé par la plupart des établissemens de banque. Les rumeurs les plus malveillantes ont circulé et trouvé crédit pendant quelques heures. On s’en est pris d’abord à la Banque d’escompte, dont les titres ont reculé jusqu’au pair. Si le bon sens public ne réagissait pas contre ces terreurs sans raison, que d’envieuses manœuvres provoquent si aisément, il n’est pas une société qui pût rester hors d’atteinte. Après la Banque d’escompte, on attaquerait la Société générale, le Crédit lyonnais, puis, après les banques de dépôts, les établissemens les plus solides, comme la Banque de Paris. La baisse n’a d’ailleurs épargné aucun de ces titres, aucun de ceux du moins que la spéculation avait touchés.

Le mouvement de retour des valeurs nouvellement créées vers le cours de 500 francs s’est encore accentué : le Crédit de France, le Crédit de Paris, la Banque romaine, ont été brusquement ramenés au pair, La grande campagne des valeurs nées avec prime est close ; toutes vont passer sous le même niveau ; quelques-unes déjà, comme la Société financière et la Banque française et italienne ont plongé profondément au-dessous du pair.

Les valeurs industrielles se tiennent beaucoup mieux. C’est de ce côté que se tourne la faveur publique. Le Suez même, encore coté à si haut prix, résiste vaillamment. Les actions du Gaz, des Omnibus, des Voitures, etc. ne sortent pas des portefeuilles. On en peut dire autant des obligations des chemins de fer et du Crédit foncier. L’épargne achète volontiers les actions des chemins français et étrangers. Enfin les rentes françaises conservent une avance de près d’un franc sur les derniers cours de compensation.

Les fonds étrangers ont subi le contre-coup de la crise, mais les achats de la spéculation et de l’épargne au Stock-Exchange ont amorti la chute pour les valeurs internationales qui se négocient principalement à Londres et à Paris,


Le directeur-gérant : C. BULOZ.