et fidèle, il peint les patriciens de Gênes, les bourgeois d’Anvers, les princes, de France, la cour espagnole à Bruxelles, la cour, de Charles Ier à White-Hall avec la précision, la désinvolture, le laisser-aller aristocratique et la finesse légère d’aperçus que montreront un peu plus tard Saint-Evremond et Hamilton en décrivant la cour de Charles II du bout de leur plume dédaigneuse. Seulement Van Dyck, plus que ces courtisans sceptiques, tient encore à la grande renaissance par la vivacité des impressions ; et par la chaleur de l’âme. C’est pourquoi, même après les Brugeois, même après les Florentins, même après Dürer, Titien, Holbein, il trouve encore, pour éclairer, pour expliquer, pour faire aimer la figure humaine, une manière de voir nouvelle, moins forte peut-être et moins souveraine, mais pourtant si heureuse et si nécessaire que, depuis son passage, aucun peintre n’a pu essayer à son tour de fixer sur le papier ou sur la toile un visage vivant sans être obligé de penser à lui et de redouter son souvenir. La France ne doit guère moins de reconnaissance à Van Dyck que l’Angleterre elle-même. Sans parler de nos illustres graveurs du XVIIe siècle formés à son école, n’est-ce pas de lui que procèdent chez nous, Rigaud, Largillière et toute la suite de nos portraitistes élégans, aussi bien que là-bas Reynolds, Gainsborough et Lawrence ? Pierre Puget, notre grand sculpteur, a voulu mourir entouré de ses œuvres. Sa gloire, à quelque rang qu’on la veuille mettre, est de celles qui ne périront point. Comme tous les poètes sincères, il a payé sa science de l’âme au poids de ses propres douleurs, et parce qu’il a vécu, son œuvre reste vivante.
GEORGE LAFENESTRE.