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le Bulletin de statistique du ministère des finances, à 1,762 millions de francs[1]. Le budget ordinaire de 1883 se présente à nous avec un chiffre de 3 milliards 30 millions de francs, et il ne s’agit encore que d’un budget primitif auquel infailliblement, quelles que soient la rigueur et la férocité de notre ministre des finances, viendront s’ajouter plusieurs dizaines de millions de crédits supplémentaires. Il s’agit en outre d’un budget qui, recourant à des combinaisons particulières pour les travaux publics et rejetant une partie du poids des constructions de voies ferrées sur les grandes compagnies, évite d’infliger à la charge de la dette publique un accroissement qui, sans les conventions projetés avec les compagnies de chemins de fer, serait considérable. Cependant, ce budget primitif et relativement sage de 1883 offre une augmentation de 1,268 millions par rapport aux recettes de 1869. Gènes, la guerre est intervenue entre ces deux dates, mais elle n’explique que la moindre partie de cette colossale croissance des dépenses. Toutes les charges de la guerre, en effet, même en y joignant celles du compte de liquidation, n’ont amené, d’après les relevés de M. Léon Say, qu’une augmentation de 9 milliards 898 millions du capital de la dette nationale. Sur les 1,268 millions d’accroissement des dépenses depuis 1869, il n’y en a donc pas la moitié qui ait pour origine soit la guerre, soit les conséquences mêmes de la guerre.

Au lieu de considérer le budget de 1869 comme point de départ, veut-on prendre celui de 1875, c’est-à-dire l’année qui, d’après nous, clôt la période difficile et laborieuse qui suivit la guerre? Ce budget de1875 s’élevait, en dépenses, d’après le projet de règlement définitif, à 2 milliards 626 millions de francs, on avait pourvu alors à toutes les dépenses résultant soit directement soit indirectement de la guerre, et nous voici maintenant en présence d’une dépense qui est de 404 millions de francs plus forte que celle de 1875. Les plus-values semblent, aux yeux de beaucoup d’hommes éblouis, justifier cet énorme accroissement en pleine période de paix. Cependant, malgré ces plus-values, nos budgets toujours enflés éprouvent une peine de plus en plus grande à se solder en excédent, j’allais presque dire en équilibre. Voici, par exemple, le budget de 1881, le plus récent; les plus-values d’impôts dans cet exercice ont été colossales, inouïes; elles ont dépassé le chiffre de 229 millions de francs. Croirait-on, cependant, que ce budget de 1881 qui a profité d’une pareille aubaine n’est pas en équilibre? On nous dit bien qu’il a un excédent provisoire de recettes de 68 millions de francs; mais

  1. Ier volume de 1880, p, 378