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dernières années du XVe siècle, car nous le retrouvons à Florence dans les premières années du XVIe. Un coffret en argent ciselé, qui n’est que la reproduction du monument de Lorette, nous avait révélé à première vue, dans une des vitrines de Pombal, le nom d’Andréa Contucci. Tous les documens confirment sa présence ; Raczynski, dans son Histoire de l’art en Portugal, la constate et indique ses œuvres à Santa Cruz de Coimbra. Il est évident qu’un homme aussi considérable, dans un pays facile à subir l’impression du dehors, devait exercer une action autour de lui. Je ne serais pas éloigné, dans ce cloître de Belem d’une ornementation si touffue, si italienne par quelques côtés, moins l’exquise finesse d’exécution des détails, qui y fait toujours défaut, de voir l’influence d’un artiste aussi avancé que Contucci.

Cependant la, Bourgogne, les Flandres et l’Allemagne étaient réunies par héritage ou mariage sous le sceptre de Maximilien ; les Allemands et les Flamands avaient pu étouffer le germe italien dans la peinture, dans l’architecture et dans les arts mineurs ; François de Hollande, lui, allait exercer l’action définitive et, à partir de la deuxième moitié du XVIe siècle, faire dominer en Portugal l’influence italienne. Le phénomène qu’il importe de constater, c’est que, désormais renseignés sur les nouveaux styles, ayant acquis la pratique des formes nouvelles el toujours imbus des anciennes, les orfèvres et les sculpteurs portugais, comme aussi les Aragonais, les Catalans et les artistes de Séville et de l’Andalousie, retournaient volontiers en arrière. On a des exemples dessinés de projets exécutés dans trois styles différens, comme mous exécuterions aujourd’hui un objet d’orfèvrerie, un meuble ou un monument d’architecture dans le goût des époques passées. Mais le cachet particulier qui permet de reconnaître les objets de provenance portugaise, c’est que très souvent, avec un éclectisme qui n’est pas toujours louable, dans un ensemble architectural ou sculptural, ou dans la composition d’un monument d’orfèvrerie conçu dans le style gothique, l’artiste tout d’un coup introduit une formule ornementale de la renaissance italienne. C’est ce qui nous a dérouté si souvent lorsqu’on nous pressait d’assigner une date et une origine à un objet précieux. Si on ajoute à cela que le Portugal, à l’extrémité de l’Europe, retardait d’un siècle sur les autres ; régions, on conçoit facilement qu’il était nécessaire d’entrer dans les considérations que nous venons de développer pour apprécier les objets d’art exposés à Lisbonne.

Le nom de François de Hollande, tout à fait célèbre en Portugal par les travaux des écrivains nationaux, a été souvent prononcé en France. En somme, c’est Raczynski auquel on doit la première publication d’une partie de ses manuscrits, vers 1846. M. Charles Clément ai signalé sa personnalité, et M. Charles Graux, bibliothécaire de la