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ingérence dans ses affaires. Le lord-maire de la cité passe pour le représentant officiel de la capitale ; il n’en représente en réalité qu’une très petite fraction ; le véritable maire de Londres est un personnage moins connu à l’étranger, qui n’a ni robe de parade, ni voiture de gala, ni état-major pompeux ; nous voulons parler du président du Metropolitan Board of works.

Londres souffre d’une décentralisation excessive, d’un éparpillement des services municipaux. La façon dont le gouvernement y est organisé rappelle une mosaïque. Les frais en sont augmentés ; en centralisant les services, en les rattachant les uns aux autres, on économiserait quelques centaines de mille livres par an, on simplifierait le mécanisme, mais on s’exposerait à d’autres inconvéniens, notamment à celui de créer une institution trop puissante et qui, à un moment donné, pourrait devenir dangereuse.

Au point de vue théorique, il existe en Angleterre des anomalies plus flagrantes ; que cette distribution défectueuse du self governing power, dans la capitale, quand ce ne serait que le pouvoir arbitraire de magistrats non électifs dans les districts ruraux. En pratique, il reste à prouver que Londres soit plus mal gouverné par la corporation de la cité, le Metropolitan Board of works et les vestries, que ne le sont les villes et les bourgs par leur councils.

Les réformateurs demandent que l’œuvre de réorganisation soit entreprise sur-le-champ. La seule solution qui leur donnerait satisfaction serait la constitution d’une municipalité unique, directement élue, qui concentrerait dans ses mains le contrôle de toutes les matières municipales. Ils ne veulent plus de bourgs confédérés, pourvus chacun d’une administration locale et nommant un conseil suprême : c’était la combinaison proposée par Stuart Mill. Elle n’est plus assez radicale ; c’est toutefois celle qui a le don de plaire aux magnats de la cité, parce que de la sorte leurs privilégies pourraient rester intacts ; la cité serait le premier des nouveaux bourgs.

La cité dispose d’une grande influence ; elle a réussi à déjouer tous les desseins hostiles. Les radicaux s’en rendent compte, et afin de se concilier les sympathies de cette corporation puissante, ils veulent étendre son organisation à toute la capitale, sacrifier le Board of works et créer une constitution sur le modèle de celle de la cité ; Ils espèrent par là diviser leurs adversaires et, en flattant la cité, l’empêcher de faire cause commune avec le Metropolitan Board et les vestries. Il n’est pas sûr qu’ils y parviennent.

La réforme est des plus difficiles. Le gouvernement qui l’entreprendra est certain de se heurter à des obstacles et de se créer des inimitiés. C’est une œuvre utile, mais en l’accomplissant il faut renoncer à l’espoir d’une récompense. Depuis 1863, tous les