beaux-arts, qui, grâce à leur généreuse initiative, répandra dans toutes les classes de la société des connaissances jusqu’ici réservées à un petit nombre de privilégiés. Le volume dont MM. Comte et Quantin ont confié la rédaction à M. Gerspach forme un résumé clair et substantiel de l’histoire de la peinture en mosaïque depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. L’auteur, qui dirige depuis de longues années le service des manufactures nationales, a tiré le meilleur parti de ses connaissances techniques ; elles lui ont permis de déterminer avec une netteté parfaite le rôle et les limites d’un procédé dont on s’est exagéré les ressources comme les lacunes.
La peinture en mosaïque a pris naissance en Asie. Cet art majestueux (qu’il nous soit permis ici encore de citer M. Vitet), cette façon de peindre, lente et traditionnelle, suppose une constance, une fixité d’idées, une unité de goût et de principes qu’on ne rencontre guère que dans des sociétés presque sacerdotales ou bien encore dans les époques où l’art, après avoir jeté le feu de sa jeunesse, commence à se calmer et à s’éteindre. La Grèce connut tard et apprécia modérément un procédé qui répugnait à la liberté, à la vivacité de son génie ; mais Rome s’en empara dès le temps de Sylla, mit tous ses soins à le perfectionner et l’introduisit dans les innombrables provinces d’un empire sans limites, les Gaules, la Germanie, l’Espagne, l’Afrique et même la lointaine Bretagne, où de superbes pavemens historiés témoignent aujourd’hui encore du luxe de la colonie latine. Avec sa prédilection pour la magnificence jointe à la solidité, le peuple-roi ne pouvait manquer de se passionner pour ces chefs-d’œuvre de fini destinés à braver l’effort du temps. Nul genre de décoration ne lui sembla plus digne d’être associé aux prodiges de son architecture, aux immenses colonnes monolithes, aux toitures en bronze massif. La fresque ne tarda pas à être délaissée en faveur de la peinture lapidaire, c’est-à-dire d’un art où la couleur n’est pas seulement à la surface, mais fait corps avec des fragmens de marbre ou de pâtes vitrifiées, et participe de leur résistance presque indéfinie. A une époque où la recherche du luxe l’emportait sur celle de la beauté, on se plut à multiplier ces incrustations dont l’éclat rivalisait avec celui des gemmes ; au moindre rayon de soleil, ces surfaces tapissées de cubes d’or, d’azur, de pourpre, jetaient mille feux comme un écrin garni des plus riches joyaux. Aussi la peinture en mosaïque devint-elle bientôt, pour les connaisseurs comme pour la foule, la peintura par excellence. Poètes, romanciers, philosophes n’ont pas assez d’épithètes pour en célébrer tous les mérites. Dans sa description du