auxquels se pressait avec avidité toute la Grèce. Alexandre venait de trouver sans doute un habile expédient pour balancer les influences hostiles, mais il est facile de se figurer l'irritation qu'en conçurent les Athéniens : on les remettait en présence de leurs adversaires ; Alexandre voulait donc livrer de nouveau la cité à des divisions implacables ? La perte de la liberté n'était rien auprès de cet odieux partage de la puissance publique ; la faction, blessée dans ses haines et dans ses privilèges, n'eut plus qu'un espoir : la mort du fils de Philippe.
C'était aussi le vœu secret de bien des Macédoniens, de cette famille surtout qui exerçait, depuis près de douze années, le pouvoir à Pella. Les démêlés d'Antipater avec Olympias avaient souvent irrité Alexandre : le lils de Philippe connaissait l'humeur allière de sa mère ; il est permis cependant de penser qu'il ne mettait en doute ni son affection ni l'intérêt vigilant qu'elle apportait à surveiller des menées dont le succès aurait, avant tout, causé sa propre ruine. Les dénonciations d'Olympias possédaient d'ailleurs sur les plaintes réitérées d'Antipater un grand avantage : elles répondaient aux secrètes inquiétudes d'Alexandre. Olympias accusait Antipater de nouer en Grèce des alliances suspectes et d'aspirer dans la Macédoine au rang suprême. Alexandre prit ses précautions ; Cratère rentrait en Europe avec une armée ; il l'investit du gouvernement de la Macédoine, de la Thrace et de la Thessalie, le chargea de la protection des bannis et lui adjoignit Polysperchon, qui le remplacerait au besoin. La santé languissante de Cratère exigeait cette disposition prévoyante. Quant à Antipater, Alexandre affectait de ne pas mettre en doute sa soumission et s'appliquait à lui représenter son remplacement comme l'effet d'une faveur plutôt que d'une disgrâce. « Le roi n'avait plus pour le seconder d'officiers de la valeur et de l'importance de Cratère ; Antipater seul pouvait remplir ce rôle de premier lieutenant, dévolu au début de l'expédition à Parménion, depuis la mort de Parménion à Cratère. » Alexandre lui enjoignait donc, dès qu'il aurait remis à son successeur ses pouvoirs de vice-roi, de prendre le commandement des Macédoniens qui devaient remplacer les vieilles bandes congédiées, et de les lui amener en Asie.
Soit qu'il espérât obtenir la révocation de cet ordre, soit qu'il voulût, avant de passer en Asie, s'assurer des dispositions d'Alexandre, Antipater se fit précéder de Cassandre, l'aîné de ses fils. Il avait déjà, dans un autre fils, Iolas, le grand-échanson du roi, un surveillant attentif et dévoué des desseins qui pouvaient être tramés contre lui. Tant de précautions ne semblent pas indiquer une conscience bien nette. La conduite de Cassandre ne paraît pas non plus avoir été de nature à préparer un accueil favorable à son père :