Néarque, reconnaîtra la mer Caspienne et s’assurera s’il n’existe pas une communication entre l’Océan qui baigne les côtes de l’Hyrcanie et le Pont-Euxin. Pendant ce temps, on creuse un port à Babybne ; un port capable de contenir mille vaisseaux ; on y bâtit des cales pour tirer ces vaisseaux à terre. Des cyprès sont amenés de Syrie : il faut que Babylone ait ses chantiers aussi bien que ses cales de hâlage. Micale de Clazomène reçoit 500 talens, — près de trois millions de francs, — pour aller faire des levées de gens de mer sur les bords de la Méditerranée ; Archaïs descend l’Euphrate sur une triacontore et va explorer le Golfe-Arabique.
Après une journée et une nuit de navigation, Archaïs revient sur ses pas : il n’a pas osé s’éloigner davantage de l’embouchure du fleuve. Androsthène pousse un peu plus loin ; Hiéron de Soli part avec l’intention de longer toute la Péninsule et de remonter la Mer-Rouge jusqu’à Héroopolis, — la ville des demi-dieux, — où commande, depuis le passage d’Alexandre en Égypte, le fils de Naucratès, Cléomène. Les vivres, plus encore que le courage, manquent au hardi marin ; il lui faut rebrousser chemin avant d’avoir atteint le but montré à son audace. Hiéron, à son retour, raconte que la Péninsule a une étendue immense, une étendue presque égale à celle de l’Inde.
Ce n’est que partie remise : Alexandre tient à mettre Babylone en rapport direct avec les échelles de l’encens, et ce sera bientôt la flotte tout entière, la flotte de Néarque, qui se chargera de mener à bien l’entreprise. Les délais nécessaires vont d’ailleurs trouver leur emploi et, avant qu’Alexandre songe à s’éloigner, le sol de la Chaldée aura éprouvé le premier les bienfaisans effets de l’activité royale. A 150 kilomètres au-dessous de la ville de Sémiramis, s’ouvrait le canal de Pallocopas, canal destiné à conduire vers un vaste déversoir le trop plein des eaux de l’Euphrate, dans la saison des crues. Sans cette précaution, la campagne inondée n’eût plus offert, au moment des débordemens, que le spectacle d’une vaste mer. La fonte des neiges passée, vers le coucher des pléiades, le fleuve rentrait de lui-même dans son lit ; les plaines de la Chaldée se trouvaient alors stérilisées par une implacable sécheresse. Et pendant ce temps, le Pallocopas, rempli jusqu’aux bords, continuait d’épancher vers les lacs son onde inutile, immense masse d’eau qui, convenablement distribuée, aurait rendu la fécondité à la plaine ! Pour rentrer en possession de ce trésor perdu, il n’y avait qu’un moyen : il fallait fermer le canal à son extrémité par des digues et obliger ainsi l’Euphrate à refluer vers les champs auxquels, pour les préserver d’une inondation plus désastreuse encore que la sécheresse, on avait jugé à propos de les soustraire. Les satrapes de Babylone