Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
M. DUFAURE
SA VIE ET SES DISCOURS

IV.[1]
LA RÉPUBLIQUE DE 1870
(1870-1881)


I

Pour ceux qui aiment leur patrie il est des coups qu’aucune prévision ne peut adoucir. Nos désastres trouvèrent M. Dufaure debout, le cœur brisé, mais l’âme ferme. Cette année-là, il ne prit pas le chemin de Vizelle. Au lieu de s’échapper, tout à la joie des vacances d’août, au lieu de songer à ses chères vendanges de Saintonge, il crut de son devoir de demeurer au centre de la lutte. Il n’était plus d’âge à s’enrôler, comme son père l’avait fait en 1792 ; mais il y avait d’autres sacrifices à faire. Il obtint de sa femme et de sa fille qu’elles se retirassent à Vizelle, en leur persuadant que la séparation serait fort courte ; puis, demeuré avec son gendre et son fils, il s’apprêta à supporter le siège et à donner à la patrie ce que la Providence lui demanderait.

Plus tard, au jour où les bataillons de marche étaient appelés au service du dehors, lorsque se préparaient les héroïques et infructueux efforts de Champigny ou de Buzenval, on pouvait voir un vieillard

  1. Voyez la Revue du 1er avril, du 15 mai et du 1er juillet.