danger. Aujourd’hui il propose des armemens, mais des armemens modérés qui, s’ils restaient tels qu’ils sont proposés, ne conduiraient à rien, Que veut-il donc ? Après avoir parlé de la prépondérance, de la position privilégiée de la France en Égypte, M. le président du conseil paraît s’en tenir à tout attendre, à tout accepter de la conférence, — l’intervention turque si elle est décidée, la modeste participation de la France à une intervention européenne si on en vient là, — et dans tous les cas ce n’est point assurément un rôle des plus brilla us pour notre pays.
Si c’était encore une abstention préméditée, décidée, calculée, ce serait un système. Entrer dans une affaire sérieuse pour flotter entre toutes les opinions et pour finir par tout accepter, franchement, ce n’est plus de la politique. — C’est, dira-t-on, une nécessité de situation, et M. le président du conseil ne fait que conformer sa diplomatie aux indications de l’opinion, à la volonté du parlement. Il est pour la paix parce que tout le monde est pour la paix, parce qu’il y a dans le pays comme dans les chambres ou une profonde indifférence pour les affaires égyptiennes ou une répugnance extrême à voir la France s’engager dans des campagnes sans issue, mais non sans péril. M. le président du conseil s’est replié sur la conférence, parce qu’après tout c’est le meilleur moyen de ne rien faire en paraissant sauvegarder une certaine dignité publique, en se mettant à l’abri d’une délibération européenne. S’il avouait la pensée d’une intervention active, fût-ce d’accord avec l’Angleterre, s’il proposait des armemens sérieux, il serait immédiatement renversé. M. le président du conseil ne tient pas à être renversé ; il préfère donner aux chambres l’assurance que l’honneur national, les intérêts français seront protégés, — et qu’au surplus on ne fera rien sans les consulter. Tout cela est fort bien ! C’est sans doute une habile tactique de paraître toujours se mettre à la disposition d’une chambre jalouse de son pouvoir, de flatter ses passions ou ses préjugés et d’éviter de prendre un parti sur les plus grandes affaires pour ne point s’exposer à des surprises de scrutin ; mais enfin, on n’est un gouvernement qu’à la condition d’avoir une opinion, d’accepter au besoin la responsabilité de résolutions sérieuses, d’oser en certains momens proposer au pays une politique conforme à ses intérêts les plus élevés aussi bien qu’à ses plus anciennes traditions. Qu’on se défende des projets aventureux dont on attribue la pensée à M. Gambetta, des témérités de toute sorte, des impatiences militaires ou diplomatiques, on ne peut certes mieux faire ; il n’est pas moins certain que la prudence n’est pas l’inaction érigée en système, que, dans cette affaire égyptienne, en dehors des questions financières dont on parle souvent, il y a des intérêts politiques de premier ordre que la France ne peut abandonner sans se trahir elle-même. Lorsque