Tacite a dit dans une phrase célèbre, que l’imagination transfigure tout ce qu’on me connaît pas et le fait paraître merveilleux : Omnet ignotum pro magnifico est ; Ovide prétend, au contraire, qu’on ne peut pas désirer ce qu’on ignore Ignoti nulau cupido, et quoiqu’ils semblent se contredire, je crois que tous les deux ont raison. L’inconnu produit sur nous, selon la diversité de nos natures, des effets opposés : il y a des gens qu’il attire, il y en a qu’il repousse. Nous le voyons bien par ce qui arrive à propos des Étrusques. Beaucoup de savans trouvent une sorte d’attrait irritant dans l’obscurité même qui couvre les origines de ce peuple, dans le peu que nous savons de son histoire, dans l’impossibilité où nous sommes jusqu’ici de comprendre sa langue. Ce sont des énigmes qu’ils tiennent à déchiffrer, et ils le désirent avec tant de passion que l’insuccès les excite au lieu de les décourager : moins ils arrivent à connaître et plus ils cherchent à savoir. D’autres prennent beaucoup plus aisément leur parti d’ignorer ; ils soupçonnent même que, dans cette civilisation qui s’obstine à ne pas se laisser deviner, il n’y avait rien qui méritât d’être connu. Aussi ne tarissent-ils pas de sarcasmes sur la sotte curiosité de ces pauvres érudits qui prennent plaisir à errer parmi
Page:Revue des Deux Mondes - 1882 - tome 52.djvu/785
Apparence
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
PROMENADES ARCHEOLOGIQUES
LES TOMBES ETRUSQUES DE CORNETO.