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LA RÉPUBLIQUE
ET
LES INTÉRÉTS FRANÇAIS EN ORIENT

Pendant les premières années qui ont suivi l’établissement de la république en France, les questions de politique intérieure ont presque uniquement absorbé les esprits. Les querelles des partis n’ont roulé que sur la question de savoir si le gouvernement nouveau était capable d’assurer à la France l’ordre, la sécurité, la liberté, ou s’il devait, au contraire, la ramener à la dictature à travers l’anarchie. C’est encore le sujet principal des discussions de la presse et des débats de la tribune. Néanmoins, depuis quelques mois, le pays semble avoir fait la surprenante découverte qu’une grande nation avait un rôle à jouer au dehors aussi bien qu’au dedans ; que tous ses intérêts n’étaient pas renfermés dans le cercle de ses frontières ; et que, par suite, pour juger un gouvernement, il ne suffisait pas d’apprécier sa politique intérieure, il fallait encore savoir s’il avait une politique extérieure et ce que valait cette politique. C’est à l’expédition de Tunisie et aux affaires d’Egypte qu’est due cette découverte. Il s’était passé, à la suite de nos désastres, de très gros événemens en Europe sans que la France, ou du moins sans que l’opinion publique française parût, je ne dis pas même s’en émouvoir, mais seulement s’en rendre compte. La guerre de la Russie contre la Turquie, le démembrement de l’empire ottoman, la secousse violente donnée au monde