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LES
FOUILLES DE M. DE SARZEC
EN CHALDÉE

Le Louvre est à Paris ; c’est ce que paraissent ignorer beaucoup de Parisiens. Pas un étranger, pour peu qu’il ait quelque culture d’esprit, ne mettrait le pied à Paris et n’y passerait quelques jours, ou même quelques heures, sans aller faire une visite à la Sainte Famille de Raphaël et à la Vénus de Milo et sans jeter tout au moins un coup d’œil sur l’ensemble des galeries. Il est au contraire des Parisiens qui ne savent pas le chemin du Louvre.

Qu’il en soit ainsi pour les illettrés, rien de plus naturel. Ceux qui sont courbés sous le lourd fardeau des nécessités quotidiennes sont excusables de ne pas rechercher ces plaisirs délicats ; ils n’y sont pas préparés par ces connaissances générales qui, seules, permettent de jouir pleinement d’une œuvre d’art en la replaçant dans le siècle et dans le milieu qui lui ont donné naissance. On s’expliquerait donc que nos ouvriers passassent indifférens devant la porte des édifices où se conservent les plus beaux ouvrages de la sculpture et de la peinture ancienne et moderne. Il n’en est cependant pas tout à fait ainsi. Les étrangers sont surpris de voir combien est nombreuse la foule qui se presse dans nos galeries les dimanches et les jours de fête, foule qui se compose surtout d’artisans et de petits commerçans ; ils remarquent combien tout ce monde paraît s’intéresser à ce qui lui passe là sous les yeux. Peut-être certaines réflexions