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mesures nécessaires pour que ces pièces si précieuses ne risquassent point d’échapper au Louvre par suite de quelque malentendu ou de fâcheuses lenteurs. C’est donc M. Heuzey qui a disposé dans la grande galerie du rez-de-chaussée les principaux et les plus lourds des monumens chaldéens ; c’est lui qui aura le plaisir d’exposer les autres dans les salles nouvelles que l’on prépare tout exprès au premier étage. C’est enfin lui qui, de concert avec M. de Sarzec, dirigera la publication qu’a permis d’entreprendre le libéral concours du ministère ; on en prépare les planches. Cet ouvrage, qui sera bientôt dans les mains de tous les assyriologues, contiendra, reproduits par la photogravure, les principaux monumens de Telle et les textes qui les accompagnent ; on y trouvera de plus un plan et une relation des fouilles, ainsi qu’un catalogue descriptif des planches ; il prendra place, dans les bibliothèques, à côté des deux grands ouvrages dus aussi à la munificence du gouvernement français, qui sont signés des noms de Botta et de Flandin, de Place et de Thomas[1].


III.

C’est sous le nom d’art assyrien qu’est connu l’art dont les monumens remplissent, à Londres, cinq ou six salles, et occupent, au Louvre, la grande galerie dont la porte fait face à celle de la galerie égyptienne. On désigne sous le nom de langue assyrienne l’idiome sémitique dans lequel sont écrits les plus nombreux et les plus importans des textes que s’essaient aujourd’hui à traduire les élèves et émules de MM. Henry Rawlinson et Oppert. Enfin, dans les livres où l’on cherche à reconstituer l’histoire de l’Asie antérieure avant l’avènement de Cyrus, Ninive, avec ses rois guerriers et conquérans, avec la description de ses vastes et riches palais qu’ont exhumés les Botta et les Layard, Ninive tient une bien autre place que Babylone et surtout que les cités primitives, dont Babylone elle-même n’est que l’héritière.

Rien de plus naturel. Les vieilles cités de la Chaldée, les devancières de Babylone remontaient à une antiquité très reculée, et, de bonne heure, la grande capitale les avait reléguées au rang de villes de province ; il est donc facile de s’expliquer qu’elles n’aient laissé presque aucune trace dans les souvenirs du monde gréco-romain. Quant à Babylone, si la puissance politique et militaire de sa dernière dynastie nationale, celle des Nabopolassar

  1. Ce livre, qui paraîtra en plusieurs fascicules, aura pour titre : Découvertes en Chaldée, par M. E. de Sarzec, ouvrage publié par les soins de la conservation des antiquités orientales au musée du Louvre. Son format grand in-4o le rendra plus commode à manier que les ouvrages de Botta et de Place.