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UNE
CAUSE CÉLÈBRE
AU XVIe SIÈCLE

FRANÇOISE DE ROHAN.

Le 6 janvier 1557, jour de la fête des Rois, il y avait grand banquet au château de Saint-Germain. Suivant l’usage de la cour de France, bon nombre de gentilshommes s’étaient groupés autour de la table royale. Henri II avait à sa droite Catherine de Médicis, à sa gauche Françoise de Rohan. La haute naissance de Françoise lui donnait droit à cette place : son père, René de Rohan, premier du nom, était chef de l’illustre maison qui, descendant des anciens souverains de la Bretagne, avait pris la fière devise : Roi ne puis, duc ne daigne, Rohan suis. Sa mère, Isabelle d’Albret, était fille de Jean d’Albret, roi de Navarre. Françoise de Rohan se trouvait ainsi être la cousine germaine d’Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et de Jeanne d’Albret, qui, l’ayant prise jeune auprès d’elle, l’avait souvent battue. C’est à quoi Marguerite d’Angoulême fait allusion dans ces vers qu’elle a mis dans la bouche de Françoise de Rohan :

Plus j’ay de toi souvent esté battue,
Plus mon amour s’efforce et s’évertue
De regretter cette main qui me bat.