extérieure ni dans la politique intérieure. Un moment, il y a quelques mois, le ministre des affaires étrangères. M. Mancini, a été presque populaire pour avoir flatté l’amour-propre national en annonçant un peu solennellement l’entrée de l’Italie dans la grande alliance de tous les empires européens. M. Mancini avait promis plus qu’il ne pouvait tenir. Ce n’était qu’une illusion; il a bien fallu revenir à la réalité, s’avouer qu’on n’était pas de la grande alliance, et comme en même temps le cabinet de Rome, dans l’intérêt de ses combinaisons un peu ambitieuses avec les cours du Nord, n’a rien fait pour se rapprocher des puissances occidentales, de la France et de l’Angleterre, il se trouve aujourd’hui dans un certain isolement. C’est toujours par là que la gauche finit dans tous les pays. Le ministère, pour couvrir des mécomptes qui sont assez vivement ressentis dans le pays, n’a plus guère d’autre ressource que de tâcher encore de négocier la visite toujours promise, toujours fuyante, de l’empereur d’Autriche à Turin ou à Florence. C’est peu pour déguiser un insuccès diplomatique assez visible. La gauche italienne n’a guère été plus heureuse dans les affaires intérieures. Elle a promis beaucoup de réformes qu’elle n’a pu réaliser. Elle n’est arrivée qu’à se diviser, à se fractionner, à se perdre en rivalités personnelles pour finir par former une majorité aussi incohérente que la majorité de notre chambre française. Les ministères ont parlé beaucoup de principes, ils n’ont vécu que d’expédiens, multipliant les concessions, favorisant contre leur volonté, par une sorte de logique irrésistible, le travail des sectes radicales et révolutionnaires. Ils ne se sont soutenus, en réalité, que parce que les anciens modérés n’étaient pas en mesure de reprendre le pouvoir. On en est là : de sorte que la première application de la nouvelle loi électorale va se faire dans ces conditions où la gauche a manifesté son impuissance, où la droite n’est pas encore relevée de sa défaite d’il y a six ans, et où les révolutionnaires de toutes nuances peuvent essayer de profiter de cette incohérence des anciens partis pour se frayer un chemin, pour ajouter à la confusion.
C’est de tout cela que peut sortir un inconnu assez inquiétant, à moins que la raison nationale ne suffise pour écarter le danger au jour du scrutin. Ce danger, il est bien senti au-delà des Alpes, et on a déjà cherché plus d’un moyen pour le conjurer ou l’atténuer, pour venir justement en aide à cette raison nationale qui doit avoir le dernier mot. M. Ruggiero Bonghi, préoccupé du périlleux et croissant travail des sectes révolutionnaires, proposait récemment une sorte de ligue entre les libéraux modérés de la droite et de la gauche également attachés à la monarchie de Savoie. Former une majorité nouvelle avec les hommes éclairés des deux camps qui commencent à s’effrayer des progrès ou des menées agitatrices des républicains et des irrédentistes, c’est là le but. La tentative est généreuse; seulement elle risque